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Maurice Roger (p. 253). Il y a là une œuvre systématique qui porte bien la marque de notre idéal national ; elle est loin sans doute d’être achevée, loin de porter encore tous ses fruits ; nous pouvons penser du moins qu’elle a été bien entreprise dans le sens de la culture scientifique et de la civilisation véritablement humaine.

Éspèces et Variétés, leur naissance par mutation, par Hugo de Vries, traduit de l’anglais par L. Blaringhem. 1 vol. in-8 de vii-548 p., Paris, Alcan, 1909. – Le grand ouvrage de H. de Vries, publié en 1901-1903, Die Mutationstheorie, n’a jamais été traduit en français. Dans une certaine mesure le présent ouvrage supplée à cette traduction : il reproduit les conférences faites par De Vries, en 1904, à l’Université de Berkeley (Californie). On sait que la Californie est peut-être le pays du monde où les essais horticoles et arboricoles les plus remarquables ont été tentés, notamment par le célèbre éleveur Luther Burbank. De Vries trouvait donc à Berkeley un auditoire capable de le comprendre, et c’est pourquoi il a pu faire cette série de vingt-huit conférences compactes, exposition détaillée de ses idées sur le transformisme dans le règne végétal.

La grande découverte de De Vries est connue : il a pu expérimentalement obtenir une variation brusque de l’Œnothera Lamarckiana, c’est-à-dire réaliser, sans transition, un ensemble de caractères nouveaux et un ensemble stable. Depuis 1886, il cultive la descendance de cette espèce nouvelle créée par lui.

La distinction des variations brusques et des variations progressives, ou, comme dit De Vries, des mutations et des fluctuations, avait été entrevue par Darwin. C’est Wallace qui l’a rejetée. Si bien que les néo-darwiniens d’aujourd’hui, qui attribuent l’origine des espèces à des fluctuations dans tous les sens criblées par la sélection naturelle, suivent Wallace et non Darwin. L’un des grands problèmes biologiques actuels est celui de savoir quelle est l’importance des mutations et quelle est celle des fluctuations dans l’histoire des espèces. De Vries est naturellement porté à ne laisser subsister qu’un mode de variation efficace. « Des espèces et des variétés, dit-il, sont nées par mutation et, à l’heure actuelle, on n’en connaît pas qui soient nées d’une autre façon » (p. 6).











La partie négative de sa démonstration est fort ingénieuse. L’objet de ses js dernières conférences’est de montrer que les fluctuations sont’de simples oscillatîons autour d’un type moyen, de sorte qu’elles sont incapables de produire un S changement durable dans l’évolution. On peut les définir des modifications quan— : ̃ titatives de tel ou tel caractère, modifications passagères, impossibles à fixer s longtemps dans l’espèce. Au contraire la mutation est une modification qualitative durable. Cette distinction de la mutation et de la fluctuation permet de limiter le rôle de la sélection naturelle. Elle s’exerce surtout entre espèces créées par la mutation, mais fort peu entre individus d’une même espèce, puisqu’on sait que les par— «  ticularités quantitatives d’un individu ne sont pas stables, ne confèrent pas longtemps un avantage à sa descendance. : ̃ Ajoutons que la permanence des modi— ̃ fications qualitatives confirme De Yries ï : dans l’idée que ces mutations sont ins— j :  : crites dans des éléments gérminatifs spé— £ ciaux (pangènes), et l’amène à construire, -̃ une théorie weistnanîenne du mécanisme. > ; de l’hérédité. j REVUES ET PÉRIODIQUES Archiv für Geschichte der Philosophie, XX Band. ̃ Heft 1, 18 octobre 1906. Ce numéro, contient deux articles de polémique, deux réponses à des compte rendus publiés dans l’Archiv fur Geschichle der Philosophie par M. H. Gomperz. La première de ces réponses est de M. KARL Joël die Auffassùng des Hiynischen Sokratik (p. 1-24) (La fin de l’article est dans Heft 2, p. 145112), Cet article n’apprendra que peu de choses à ceux qui connaissent le Socrate de M. Joël. Rappelons en’passant que M. Joël forme sa notion du cynisme d’après ce que nous pouvons connaître d’Antisthène, et qu’il voit avant tout dans les véritables cyniques des ancêtres très directs des stoïciens (il insiste, dans cet article, sur la doctrine du Ttôvo. Voir le passage remarquable p. 13-21 dix Prodikôsfabel). Les pages que M. Joël.̃ consacre aux Nuées d’Aristophane ne e manquent pas d’intérêt. Nous retiendrons : s. aussi le passage où il revendique pour l’historien. des idées le droit de reconstruire les doctrines à partir des textes, le droit de mettre, suivant son expression, de l’ordre dans le chaos des textes. Il est trop facile de signaler les dangers de cette méthode ; mais n’est-ce pas avec son application que commence l’histoire véritable ? Dans le second article de polémique Zùr" Syllogistik des Aristoteles, pages 46-56, M. H. Maier défend contre