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SUPPLÉMENT DE LA REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE

Ce supplément ne doit pas être détaché pour la reliure.
(No D’OCTOBRE-DÉCEMBRE 1921)



NÉCROLOGIE


Émile Boutroux.
1845-1921.


Pour la seconde fois, en moins d’un an, la Revue est frappée dans ses affections les plus chères.

Émile Boutroux, qui vient de mourir, lui avait apporté, dès l’origine, plus qu’une ardente sympathie, une aide agissante et efficace. Acquis d’avance à l’idée qui avait présidé à la naissance de la Revue et qui est celle de la philosophie traditionnelle, — l’idée que l’esprit humain, en s’alimentant par la réflexion sur la science, s’affranchit peu à peu de la fatalité de la nature pour prendre conscience de sa liberté et pour la réaliser dans l’action, — M. Boutroux n’a pas seulement donné à la Revue, avec une générosité qu’aucun appel ne lassait, sa constante collaboration, il lui avait amené, dès la première heure, celle de son beau-frère Henri Poincaré, non moins généreuse et non moins inlassable. Grâce à la recommandation de ces deux grands noms et sous l’égide de leur double autorité, la Revue acquit, à peine née, un des premiers rangs dans le monde philosophique.

Ce que fut le concours de M. Boutroux, il suffira, pour le rappeler, d’énumérer quelques-uns des articles qu’il voulut bien confier à la Revue. Logique et Critique des sciences, Psychologie et Métaphysique, Morale, Histoire de la philosophie, il aborda tous les sujets et il prodigua ses études. Qu’on en juge par leurs simples titres : Du rapport de la philosophie aux sciences ; Hasard ou liberté ; la Conscience individuelle et la loi ; Religion et Raison ; Du rapport de la morale à la science dans la philo-