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mais je nie l’exactitude de sa conclusion, parce qu’elle néglige certains faits fondamentaux.

Si nous nous en tenons à ce que présente l’observation de soi-même directe et simple, nous ne trouvons jamais que des sensations, des sentiments et des représentations. Ce que nous appelons phénomènes de volonté apparaissent accompagnés de certaines sensations propres d’inquiétude, de désir, d’effort que nous semblons y mettre, d’énergie que nous semblons y appliquer. Ce sont des sensations plus agitées, moins en équilibre que les sensations de couleur et de son, mais non pas, en principe, d’une autre espèce. On peut les considérer comme des sensations kinesthétiques, des sensations de tension musculaire. Déjà à l’idée même d’une action que nous désirons faire ou que nous allons faire différents muscles se tendent, et une sensation particulière correspondante se produit. C’est surtout au moment de la résolution que cette sensation est forte. A. côté d’elle nous trouvons ici des représentations de buts et de moyens, d’idéals et de normes, d’obstacles et d’effets ; mais ces représentations se développent entièrement comme d’autres représentations et ne semblent pas pouvoir réclamer un chapitre particulier de la psychologie. Nous observons de plus des sentiments de plaisir et de douleur, d’espoir et de peur, d’enthousiasme et d’horreur, etc., mais tout cela appartient à la psychologie du sentiment. — Cette analyse est-elle exhaustive, ou bien y a-t-un laissé échapper quelque chose ?

D’après mon idée oq a laissé inaperçu quelque chose de très essentiel. Il est vrai que nous ne trouvons jamais que des sensations, des sentiments et des représentations par l’analyse psychologique, du moment que nous comprenons par « analyse la direction de l’attention sur des points particuliers et déterminés, et qui, dans une certaine mesure, peuvent être isolés et regardés séparément. Mais en ce cas nous avons fait commencer trop tôt l’abstraction. On a négligé un élément fondamental qui, il est vrai, ne peut être l’objet d’une unique observation. Nos sensations, nos sentiments et nos représentations ne se présentent jamais isolés. Ils sont, dans l’expérience réelle, comme les gouttes d’un courant ; et ce sont la direction et la célérité du courant qui déterminent le rapport réciproque des gouttes et, par là aussi, d’une façon plus ou moins décisive, la nature de chaque goutte » Ce qui est vraiment donné n’est pas un chaos d’éléments isolés, mais des groupes et des ensembles, diriges toujours, d’une manière plus ou moins claire, vers un but certain, vers