Page:Revue de métaphysique et de morale, 1898.djvu/231

Cette page n’a pas encore été corrigée

des phénomènes. Les deux derniers procèdent du premier, et le second est d’ordinaire, pas toujours, l’intermédiaire entre le premier et le troisième. C’est parce que les forces physiques se propagent ou tendent à se propager en progression géométrique par leur répétition ondulatoire, qu’elles interfèrent ou aussi bien qu’elles s’adaptent en se combinant ; et leurs interférences-chocs ne semblent servir qu’a préparer leurs interférences-alliances, leurs combinaisons. C’est parce que les espèces vivantes tendent à se propager en progression géométrique par la répétition héréditaire de leurs exemplaires individuels, qu’elles interfèrent soit en croisements heureux et féconds, soit en combats pour la vie si bien étudiés par les darwiniens qui n’ont aperçu l’interférence vitale que par son côté meurtrier, où ils ont vu, avec une exagération manifeste, l’unique ou le principal procédé de la création de nouvelles espèces, c’est-à-dire de la réadaptation des espèces anciennes. Et c’est aussi parce que les choses sociales quelconques, un dogme, une locution, un principe scientifique, un trait de mœurs, une prière, un procédé industriel, etc., tendent à se propager géométriquement par répétition imitative, qu’elles interfèrent elles-mêmes heureusement ou malheureusement, c’est-à-dire qu’elles se rencontrent par leur côté dissonant dans certains cerveaux, où elles donnent lieu aux duels logiques ou téléologiques, premier germe des opposions sociales, des guerres, des concurrences, des polémiques, et que, par leur côté harmonisable, elles se rencontrent dans des cerveaux de génie, ou même dans des cerveaux ordinaires, en véritables hymens logiques, en inventions, en initiatives fécondes, source de toute adaptation sociale.

Ce sont la trois termes d’une série circulaire, susceptible de tourner sans fin. Car, c’est en se répétant par l’imitation que l’invention, l’adaptation sociale élémentaire, se répand et se fortifie et tend par la rencontre de l’un de ses rayons imitatifs avec un rayon imitatif émané de quelque autre invention ancienne ou nouvelle, à susciter soit de nouvelles luttes, soit, directement ou à travers ses luttes, de nouvelles inventions plus complexes, bientôt rayonnantes aussi imitativement, et ainsi de suite à l’infini. — Notons que le duel logique, de même que l’hymen logique, l’élément social de l’opposition-lutte, comme l’élément social de l’adaptation, a besoin de la répétition imitative pour se socialiser, pour se généraliser et croître. Mais il y a cette différence que la propagation imitative de l’état de discorde intérieure entre deux idées ou même de l’état de discorde