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idées plus saines sur la nature vraie des oppositions physiques et chimiques se sont fait jour quand on a découvert le caractère en quelque sorte opposé des bases et des acides, surtout des électricités de nom contraire, ainsi que la polarité lumineuse. L’idée de polarité, qui a joué un si grand rôle dans les théories physico-chimiques, a marqué un progrès immense sur les conceptions antérieures, jusqu’à ce qu’elle-même ait été expliquée par la notion des ondulations dans lesquelles on l’a résolue ou on est en voie de la résoudre. De même que la lumière, la chaleur, l’électricité, apparaissent comme des propagations sphériques ou linéaires de vibrations infinitésimales et infiniment rapides, la combinaison chimique tend à être considérée comme un enchevêtrement d’ondes harmonieusement unies: mais ici nous touchons au domaine de l’adaptation. Il n’est pas jusqu’à l’attraction qu’on n’ait souvent expliquée par des poussées de vibrations éthérées. Quoi qu’il en soit, il n’en est pas moins certain que les gravitations elliptiques des astres, aux dimensions près, sont comparables aux ondes physiques, va-et-vient de molécules suivant des ellipses très allongées, et qu’ici comme là il y a rythme ondulatoire. Nous voyons, en somme, combien, par le progrès des sciences, le champ de l’opposition s’est étendu et approfondi, et qu’à de vagues oppositions qualitatives se sont substituées des oppositions quantitatives, précises et rythmées, tissu de la toile du monde. La merveilleuse symétrie des formes cristallines propres à chaque substance chimique est la traduction graphique, l’expression visuelle de ces oppositions rythmiques des mouvements innombrables qui la constituent. Et n’est-ce pas aussi à cette rythmicité des mouvements intérieurs des corps qu’il faut peut-être demander l’explication ultime de la loi de Mendeleef qui nous montre les groupes de substances comme formant autant de gammes superposées et périodiquement répétées, clavier auquel manquent ça et là quelques touches, que nous découvrons de temps en temps ?

Mais, en même temps que l’évolution des sciences physiques faisait découvrir des oppositions et des symétries plus profondes, plus nettes, plus explicatives, elle révélait aussi des asymétries, des arythmies, des inoppositions plus importantes. Elle montrait, par exemple, qu’il n’y a pas, dans le système solaire, de corps planétaire qui rétrograde, qui aille en sens directement inverse du sens général ; il n’y a d’exception que pour certains satellites. La configuration des nébuleuses que découvrent nos télescopes est souvent dissymétrique.