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G. remacle. La métaphysique de « Scotus Novanticus ». 611 appuyer son opinion de l’existence antérieure, sous forme sensible, du contenu des intuitions intellectuelles ou percepts dialectiques. Il est nécessaire, soutient-il, d’admettre cette existence .antérieure comme un fait, parce que l’esprit est le résultat d’un développement, d’une croissance depuis le mollusque jusqu’à l’homme (a groivth front the mollusc to man) chaque degré de ce développement contient e :i lui une prémonition ou anticipation du contenu des phases postérieures et supérieures 1. Mais, répondrons-nous, comment peut-il y avoir une évolution de ce genre, à moments tellement enchaînés qu’ils sont, en somme, tous contenus dans le premier dont ils ne font que se dégager successivement, si cette évolution aboutit, à son plus haut période, à l’apparition d’une volonté transcendante aux phénomènes et se manifestant librement sous forme de Raison pure ? Il faut bien alors, ou que ce résultat fût, comme tous les autres, contenu implicitement dans le premier moment de l’évolution et cela revient à nier cette évolution, puisque son premier moment, de par son contenu réel, en contredirait l’idée, la rendrait inintelligible et d’ailleurs inutile, ou que cette évolution s’arrête, une fois atteint le stade de la conscience attuitive, et qu’en face de son produit ultime et sans rapport avec lui jaillisse, par un commencement absolu, cette Volonté-Raison avec le processus qui la caractérise mais alors c’en est fait de la prétention de chercher pour les produits de celle-ci un fondement dans la valeur présumée objective des informations de la conscience sensible ou attuitive, ni une anticipation dans le contenu de celle-ci. Elles n’ont entre elles aucune relation concevable elles appartiennent à des mondes distincts ; c’est, sous une autre forme, le monde nouménal et le monde phénoménal, entre lesquels le pont est encore à construire. `

En résumé, ni cette preuve qu’on pourrait nommer la preuve génétique, ni la preuve psychologique dont nous avons examiné plus haut la prétention de tirer de la sensation ou de l’attuition, considérées en elles-mêmes, une donnée dépassant la sphère du sujet (preuves qui ne sont autre chose que le réalisme vulgaire déguisé sous un vêtement philosophique), ne peuvent prévaloir contre le fait immédiat de la conscience s’affirmant réalité et fondement de toute réalité fait immédiat pour quiconque la consulte après avoir fait table rase des préjugés naturels, en quelque sorte, et de toute idée . Cf. Metaphysica, p. 143.