Page:Revue de métaphysique et de morale, 1897.djvu/613

Cette page n’a pas encore été corrigée

G. RiïMACLE. La métaphysique de « Scotus Novanticus ». 609 Métaphijsique et qui fait progressivement naître la sensibilité, puis la sensation, puis l’attuition, de l’action et de la réaction d’un inonde extérieur déjà donné et d’une conscience potentielle. La pétition de principe est flagrante, Sans parler du caractère forcément arbitraire de toute construction génétique de ce genre au début d’une recherche métaphysique, nous voici forcés, si nous l’admettons, de considérer r la Réalité comme constituée, avant l’apparition de la sensation en général, par une nature inconsciente, d’une part, et une conscience potentielle, de l’autre. Mais une conscience potentielle ne se distingué en rien de l’inconscient et nous n’avons pas le droit de dire « d’une part, de l’autre part ». Nous n’avons plus qu’une Nature, sans rien en face d’elle. Et comment, par quel miracle, de cette Nature à supposer que ce mot ait encore un sens maintenant sort-il ce qui sentira cette nature, ce qui s’opposera à elle comme un sujet à un objet ?

Restait, pour établir la thèse, de s’appuyer sur l’analyse du sentiment de l’être lui-même et d’essayer d’y découvrir l’Être comme donné in rébus. Notre auteur n’y a pas manqué. Il prétend que la conscience sensible nous donne en fait une triple information a le sentiment d’une impression, le sentiment de. cette impression comme Être (as Being), le sentiment de cette impression en acte (beënt impression) comme séparée de la conscience sensible, négation de celle-ci et comme située là (« and as therc »), bref comme un Objet pour un Sujet ». On peut accorder à notre philosophe que la conscience sensible nous donne les deux premières informations, mais pour ce qui est de la troisième, elle n’est plus immédiate et ne peut même pas l’être, parce que ce serait une contradiction, ni plus ni moins. Une donnée ne peut être immédiate à un être quand elle nie cet être, fût-ce provisoirement. Cet être serait tout en n’étant pas et tout en proclamant qu’il n’est pas. Cette négation de soi 1° ne peut être qu’un moment postérieur, le temps conciliant l’être et le non-être mais alors cette négation est sujette à toute l’incertitude des produits médiats de la pensée ; 2° ne peut, sous peine de se limiter chaque fois à ce moment postérieur, avoir lieu sous le même rapport que ° l’affirmation de soi essentielle à tout être. Elle doit être une négation non plus sous le rapport logique de l’existence ou du Réel, mais sous le,rapport pratique de l’agir ou de l’Idéal. Mais quoi qu’il en rente^isf^’ P’ 24-5. Cf. p. U7< Voir aussi une exposition un peu dilîérente, p. 18.