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G. remacle. La métaphysique de c< Scotus Novanticus ». 607 expressions diverses de l’Être-Universel (Dieu), qui n’est qu’un autre nom pour la Raison-Universelle. Dès lors, les choses sont rationnelles dans leur essence, de même que l’esprit humain est rationnel dans son essence. Et si de l’Être-Universel ou Dieu nous savons qu’il est Cause, c’est parce qu’il est cette Raison même, dont le processus en nous est un processus causal. Le Réel est donc essentiellement Raison et nous ne sommes pas amenés à dire seulement « Tout ce qui est réel est rationnel », mais « Tout ce qui est réel n’est que rationnel » La Raison n’est pas simplement immanente aux choses et à l’esprit, mais elle est constitutive des unes et de l’autre. Considéré dans son caractère général, le système est un rationalisme absolu. Mais il faut aller plus loin et dire que, de la théorie de la, perception sur laquelle il se fonde, il ne peut sortir qu’un idéalisme absolu. Nous allons essayer de le montrer et d’être plus fidèle que Scotus Novanticus lui-même à l’idée mère de son système.

La perception est, à ses yeux, nous le savons, un processus qui comporte, dans son unité réelle, cinq moments séparables au point de vue logique. La perception débute par un « mouvement cinétique » {Kinetic movement) de la Volonté, dirigé sur un présenté donné déjà comme objet dans l’attuition. Le premier résultat de ce mouvement est de poser que ce présenté est A, B, C ou D, etc., c’est-à-dire d’appliquer au présenté la loi du Milieu Exclu. Le second est de poser que le présenté n’est ni B, ni C, ni D, etc., c’est-à-dire de lui appliquer la loi de Négation ou de Contradiction. Le troisième e est de lui appliquer la loi de Raison suffisante et d’assurer par l’affirmation « c’est pourquoi » le résultat final, qui est l’affirmation de l’être ou de l’identité A est A. Nous avons donc le processus suivant le présenté dans l’attuition est A, B, C ou D, etc. ; il n’est pas B," C ni D, etc. c’est pourquoi A est A. Or, en croyant ainsi assurer au présenté l’objectivité, on lui retire précisément l’objectivité qui, dans l’attuition, semblait lui appartenir en propre. Si, en effet, une chose quelconque n’a besoin pour exister que de n’être ni B, ni C, ni D, etc., cette chose a comme raison suffisante de son existence une condition logique et, par suite, cette existence de la chose ne peut t être que mentale. La perception, considérée comme l’aboutissement d’un tel processus en nous, peut être définie l’acte par lequel nous nous débarrassons de l’objectivité apparente d’un présenté dans l’attuition pour lui assigner sa seule existence dans notre monde interne. L’unique moyen de sauver l’objectivité du présenté, une fois