Page:Revue de métaphysique et de morale, 1897.djvu/610

Cette page n’a pas encore été corrigée

606 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DÉ MORALE.

que les lois de la nature nous révèlent Je mode de l’action de Dieu. La métaphysique, comme science, doit s’arrêter là et reconnaître que le reste est mystère. Par exemple, la douleur, la mort et le mal sont inexplicables. Mais une philosophie qui ne laisserait aucune région de mystère à la Foi et à l’Espoir lirait mal dans le livre de la raison humaine.

Quant au nisus transcendant de la Raison, par lequel elle essaie de dépasser le Fini, en un mot l’Idéal ou poursuite de Ja Perfection, il est de l’essence de la Raison et non un accident. II s’explique par le caractère du processus dialectique qui est téléologique dans son essence et par celui de l’aboutissement de ce processus qui est détermination et limitation, emportant avec soi la perception corrélative de l’infini. De là l’impulsion de la Raison vers une progression infinie. Évidemment cette impulsion ne peut jamais être satisfaite, car, si elle l’était, d’une part, l’Idéal serait ipso facto converti en réel et aboli, et, d’autre part, cette protension infinie de la Raison deviendrait finie. Mais n’oublions pas qu’il s’agit uniquement ici de l’Infini sensible (sensvous infinité), c’est-à-dire de l’Infini au sein du fini, qu’il faut, nous l’avons vu, distinguer du véritable Infini, de l’Un éternel, Dieu lui-même. Celui-ci nous est toujours immanent, à la fois dans le sentiment et dans la Raison et (c’est sur ces mots que s’achève la" Métaphysique) « même en Le niant, nous L’affirmons sans le savoir ».

II

La métaphysique de Scotus Novanticus repose toute sur la théorie de la Perception. C’est une métaphysique psychologique (il le reconnaît en propres termes) et par conséquent basée sur la vraie méthode. Comment en effet pourrions-nous espérer atteindre au Réel universel, but spécifique de la recherche métaphysique, sinon au moyen de ce Réel qui est en nous et dont nous avons une expérience immédiate ? De ce Réel interne, Scotus Novanticus a choisi une manifestation il l’exclusion des autres, celle qui, quoique interne en son origine et en sa nature, paraît avoir pour fin l’appréhension du Réel objectif, celle où notre Réel, revêtant la forme de connaissance, ne semble atteindre sa plénitude qu’au moyen d’une participation au Réel objectif.

La théorie métaphysique qui est tirée ici de cette étude de la Perception peut se résumer ainsi La Nature et l’Esprit ne sont. que des