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604 REVUE DE MÉTAPHYSIftim ET DE MORALE.

elle subsiste pour elle-même, elle a une existence propre. L’homme seul peut reconnaître cette immanence et la reconnaissant, il contemple la Nature et chaque objet comme nécessairement en Dieu, c’est-à-dire sub speeie aslernitatis. Quant au comment de la relation entre le sujet fini et l’objet fini, de la transmutation des formes de la nature en sentiment, il est inexplicable venant de l’esprit universel, elles sont reconverties en esprit au dedans de moi ; on ne peut pas plus expliquer cette transmutation, qu’on ne peut expliquer la transmutation, antérieure à celle-là, de l’Esprit-Universel en Nature-Universelle, de l’Infini en Fini, et de l’Être en Existence, de l’Éternelle Durée en la Finitude du Temps. « Elles sont données comme concret. »

Le dualisme ainsi entendu aboutit à des contradictions insolubles, l’auteur n’hésite pas à en faire l’aveu mais il le juge préférable à l’idéalisme subjectif où il voit la « reductio ad absurdum » de la spéculation. Le philosophe est tenu seulement de montrer comment il se fait que ces contradictions sont et doivent être insolubles. Ce sera l’objet de la dernière partie de la Métaphysique. Une première classe de contradictions provient du fait que nous perdons de vue les conditions du percevoir (conditions ofperceiving). La Raison-Volonté, de par le stimulus de la forme vide de Fin et sous l’impulsion de la perception de l’Infini, est poussée à chercher la synthèse complète du conditionné, et pourtant cette synthèse est impossible. Elle doit être impossible, car elle serait une synthèse complète de la quantité ou de l’extension, et l’acte même de percevoir l’extension étant l’acte de limiter suppose nécessairement, et ipso facto l’affirmation de l’illimité et l’illimitable. H en est de même, et pour une raison du même genre, en ce qui concerne la synthèse d’une série régressive dans le Temps. Tout aussi insoluble est la contradiction qui se révèle entre la tendance invincible de la Raison vers la diathèse complète du déterminé et l’impossibilité d’atteindre à l’absolument simple, à -l’atome d’espace (et aussi à l’atome de temps, celui-ci étant construit seulement en termes d’espace). Et cette diathèse complète doit aussi être impossible, non plus, comme dans le cas de la synthèse complète, à cause de la nature même de l’acte de connaître, mais à cause de la nature même de l’espace qui est extension et continuité. L’identité d’un être indi1. Signalons ici que, très loyalement, dans tout son livre, l’auteur prend soin d’indiquer au lecteur les questions qu’il laisse sans solution.