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trons maintenant la Cause. Xci, selon notre auteur, une importante distinction s’impose entre la nécessité de ce qu’il appelle le Prédicat Causal, ou de a cause, comme prédicat universel, et la nécessité du Neoeus Causal ou du pouvoir producteur, dans une séquence temporelle, d’un antécédent à l’égard d’un ou de plusieurs conséquents. La seconde serait admissible sans la première, car notre tendance invincible vers une régression ad infinitum dans la série des antécédents et conséquents pourrait n’être qu’un simple « eacoethes cogitandi ». Si l’on ne reconnaît pas cette distinction, la notion de cause n’est applicable qu’aux changements empiriques d’états se produisant dans la sphère des phénomènes finis. Or nous possédons une preuve de la nécessité du prédicat causal c’est que, sous forme de Raison suffisante, il est partie intégrante du processus de la Raison, dès le premier déploiement de son activité, c’est-à-dire dans la perception. Nous avons vu que la Raison suffisante est le troisième moment (séparable seulement au point de vue logique) de ce processus. Le prédicat causal est donc un prédicat synthétique a priori. Comme tel, il est le fondement nécessaire des choses et la condition de notre possibilité de les penser. Et l’on ne peut chercher une cause de cette cause fondamentale et ainsi de suite à l’infini le faire serait transformer la cause en un être d’imagination ou un être d’abstraction, en somme la détruire ce serait, comme s’exprime notre auteur, sensuaiiser un percept dialectique.

Quant au nexus causal, il est, pour une conscience qui ne dépasse pas le stade de l’attuition, une séquence dans le temps de deux changements qui, s’associant fréquemment dans la mémoire, produisent une attente du conséquent quand l’antécédent apparaît. Lorsque la conscience arrive au stade de la perception, elle parvient à découvrir quel est, parmi les phénomènes, l’antécédent invariable et véritable d’un conséquent mais cette certitude est simplement encore celle que, tel antécédent étant donné, tel conséquent se présentera, et non doit se présenter. L’attente du conséquent est jusqu’ici une anticipation confiante, rien de plus ; mais ce que nous appelons lien de cause et d’effet enveloppe l’idée de nécessité. Cause signifie cause efficiente et formelle (au sens d’Aristote). D’où vient cette nécessité ? Considérée en général, elle vient de l’application, aux termes de la séquence dans le temps, du prédicat synthétique a priori de cause qui, nous venons de le voir ci-dessus, nous force à penser les choses comme causées en quelque manière. Considérée