P. IiAPIE. – MORALE DÉDUCTIVE. 587
mêmes actes dans les mêmes circonstances. « Imitant la raison »’, la coutume donne l’illusion delà justice.. •
La coutume sociale nous trompe comme la coutume individuelle. La loi de justice veut que des égaux, dans les mêmes circonstances, accomplissent des actions égales. Je fais donc ce que font- -mes voisins, non seulement par besoin d’imitation, mais par besoin de. justice « faire comme les autres », si les autres sont nos égaux, -c’est obéir à la raison ; se distinguer serait injuste et irrationnel. Pourtant il n’est pas sûr que mes voisins obéissent à l’équité comment un acte inique, parce qu’il est répété par plusieurs, devient-il un acte juste ? En outre, je crois me trouver dans les mêmes circonstances que mes voisins, mais il y a beaucoup de chances pour que cette croyance soit erronée ils sont autres, il est donc nécessaire que les conditions de leur existence ne soient pas exactement celles de la mienne je lie tiens pas compte de cet écart lorsque je veux « faire comme les autres», je me trompe donc en croyant bien agir.. La coutume sociale, donnant l’uniformité aux actions d’êtres égaux, imite la justice elle crée donc de faux droits et de faux devoirs. ̃•
L’habitude individuelle et la coutume sociale peuvent s’allier aussi les devoirs imaginaires nés de leur union s’imposent-ils d’une manière irrésistible. Ce qui est consacré à la fois par la tradition et par l’imitation paraît deux fois saint et deux fois obligatoire. C’est ainsi que l’honneur, malgré les prédications et les lois, malgré l’odieux ou le ridicule, impose la pratique du duel au nom de costumes propagées à la fois dans le temps et dans l’espace*-– L’habitude, dispensant de réfléchir, crée donc de nombreuses erreurs dans l’application de la loi de. justice. ̃
Non seulement les hommes. confondent la coutume et la raison, mais ils, confondent souvent deux lois rationnelles. L’esprit peut rester indécis entre deux corollaires de la loi de justice. J’ai, toujours accompli l’acte a dans la circonstance ’A ; j’ai toujours accompli l’acte b dans la circonstance B ; mais^ voici que les deux circonstances A et B se présentent simultanément et cependant je né puis pas faire à la fois a et b ; je ne puis pas à la fois ine conserver et mé sacrifier pourtant la conservation et le sacrifice peuvent, dans un même cas, paraître, également rationnels. Je dois dé là reconnaissance à ma famille et j’en dois à ma patrie ; mais comment calculer ..avec équité le degré de mes obligations envers elles ? dès lors je
