Page:Revue de métaphysique et de morale, 1897.djvu/559

Cette page n’a pas encore été corrigée

P. LAPIE. – MORALE DÉDUCTIVE. S5&

individus. Pas de bonheur ou de malheur sans cause, pas d’action qui soit dépourvue de sanction voilà ce qui parait rationnel. Enfin, dans une société d’êtres solidaires, la justice prend le nom : de justice distributive. Pour qu’elle soit proclamée, il est inutile qu’un contrat formel ait été signé entre les associés. Le contrat qui’ les lie est écrit dans leur raison dire • qu’avant tout contrat positif, il n’y a pas de droit, « c’est dire qu’avant qu’on eût tracé de cercle tous les rayons n’étaient pas égaux » ?. Par cela même qu’ils agissent ensemble, leur rôle dans l’action et leur part dans les bénéfices et les pertes sont réglés a priori selon leur valeur respective. Si les associés tiennent à formuler par écrit les clauses du contrat, c’est ou bien pour les préciser et les expliciter, ou bien pour trancherles débats qui pourraient s’élever entre eux dans le calcul de leur valeur respective. Ce contrat écrit ne. fait qu’interpréter les clauses du contrat rationnel.

Les définitions de l’acte et de l’agent une fois posées, la raison peut donc déduire les rapports de ces actes et de ces agents la loi de justice énonce ces rapports rationnels.

II

Déduite des principes rationnels, la loi morale n’est pas seulement universelle, elle est nécessaire comment peut-elle être violée ? Et si elle n’est pas violée, pourquoi se présente-t-elle à la conscience, non comme une réalité, mais comme un idéal ? comment peut-elle solliciter notre activité ? Les principes rationnels sont nécessaires les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets il est inutile de* souhaiter la réalisation de cette nécessité. Si le bien est rationnel, il est de même nécessaire ; s’il est nécessaire, il est a fortiori réel, et s’il est réel, pourquoi nous paraît-il être un idéal ? Le bien serait nécessairement réalisé si les agents moraux ne se trompaient pas dans l’application de la loi de justice. Mais nous avons supposé des agents réfléchis et non pas infaillibles ils peuvent se tromper dans l’emploi des théorèmes, des axiomes et des définitions de la morale de ces erreurs naissent des violations de la loi. De même les propositions mathématiques sont nécessaires, et . Voir, par exemple, M. Faguet, Revue de Paru, 15 mai 1896, p. 337. . Montesquieu, Esprit des lois, liv. I, chap. i.