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ch. andler. – Bu quasi-contrat social et de M. L, Bourgeois. 529 Elle nous fixe sur notre sel et à notre passé. Ces liens, qui lient un n homme à sa patrie, et que d’aucuns trouvent « mystérieux », si complexes qu’ils soient, elle les définit’. Mais aussi cette ’patrie i est extensible, jusqu’à pouvoir embrasser l’humanité entière ; et elle s’étend à mesure que croissent, avec notre solidarité réelle, nos dettes envers tous les hommes. – 2" Elle s’appuie sur une règle de droit déjà existante dans le droit de presque tous les peuples. Car elle en appelle à l’équité pure, dont les formules les. plus générales, et pour cela même -plus aptes à se propager, sont déposées dans le droit prétorien romain Toutefois cette règle est assez souple pour autoriser telle répétition de l’indû, c’est-à-dire telle expropriation des privilèges abusifs que la science désignera comme équitable et que le suffrage universel consentira. Elle est une vivante matrice de j réformes sociales et démocratiques. Et pour les produire au jour, ««  elle n’aurait pas recours à cet « accouchement par la force » dont] parlent les marxistes. Une interprétation éclairée de la loi exis-, tante et une reconnaissance sincère de notre dette suffisent à ravè-j nement de la justice. ̃ ̃

L’époque juridique nouvelle, dont il est permis dès maintenant :̃ de saluer l’aube, différera grandement des trois grandes époques dont elle sera sortie ; mais elle gardera quelque analogie avec chacune d’elles. L’époque romaine, avec un droit privé très libre, c’est-à-dire très soucieux de stipuler l’équivalence des obligations, opprimait cependant la condition des particuliers sous un droit l public qui donnait à l’État des pouvoirs infinis, sans jamais l’astreindre. – L’époque féodale faisait de l’État un fief de famille, concevait le droit public lui-même sous la forme d’un droit privé. Mais son droit privé, reconnaissant sans doute toujours une dette et un ` droit, était oppressif, parce qu’il faisait les droits inégaux aux dettes. Ce fut l’époque des prérogatives souveraines, des privilèges de caste ° et des privilèges corporatifs. L’époque moderne depuis 1789 essaya de supprimer tous les privilèges, ceux du souverain, comme ceux des particuliers. Elle n’y a point réussi. Elle a laissé subsister f beaucoup de la prérogative royale, en l’attachant à la personnalité I fictive de l’État. Elle a laissé debout une foule de privilèges particu- | 1 On ne comprend donc pas que M. Darlu objecte à M. Bourgeois (Revue de Métaph., janvier 1891, p. 425) que sa thèse doit le conduire à l’anarchie. . Ceci pour répondre à M. Darlu qui reproche à M. Bourgeois (ibicl., p. J22) de sanctionner la solidarité par une « loi écrite particulière, artificielle, passa. gère, etc. ».