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A. SPIR. – LES "FONDEMENTS DE LA RELIGION ET DE LA MORALE. 45 i

d’un culte. pareil avec leur propre, religion, les hommes civilisés font évidemment la satire de cette- religion elle-même. Mais il ne peuvent r pas répudier cette parenté, parce que le dieu et la religion du sau- J vage ne diffèrent pas en nature de leur propre dieu et de leur propre religion. Qu’on attribue la.conscience.de soi et les autres qualités humaines à un objet physique quelconque, que ce soit une pierre ou le principe général de toute action dans le monde, cet objet physique ne peut jamais répondre à l’idée de Dieu, l’être parfait, et il y a entre le culte d’un objet physique et la vraie, religion tout un p abîme. ’ ;J~ ~’–"

On admet ordinairement qu’il y a déjà un abîme qui sépare le i monothéisme du polythéisme si cependant la différence entre ces J deux doctrines n’est qu’une question d’arithmétique, elle ne peut s pas être d’un grand poids. Que l’on croie en un seul dieu ou en plusieurs, cela importe assez peu tant qu’on attribue à ces dieux une nature semblable. Si le" monothéisme de nos sociétés chrétiennes est y~ réellement très différent du polythéisme païen, c’est qu’il renferme I des éléments de la vraie religion, ’greffés sur l’idée d’un dieu sem- :S blable à l’homme, bien qu’ils ne s’accordent guère avec cette idée. En résumé, il faut comprendre qu’il y a deux genres de religions parfaitement distincts l’un de l’autre et logiquement incompatibles. Et comme la religion est le rapport de l’homme à Dieu, il y a aussi deux manières de concevoir Dieu, parfaitement distinctes et inconciliables par essence, mais qui se trouvent mélangées dans là conscience des peuples modernes.

En aucun cas, on ne peut entendre par religion une simple théorie propre à satisfaire seulement l’intelligence une religion. correspond h i toujours à des besoins, a des aspirations de l’àme, autres que le | simple besoin de connaître et d’expliquer les choses. Mais il y a t au’s^i deux genres de besoins ou d’aspirations de l’âme, qui sorit tout 1 f à fait hétérogènes et qui donnent naissance à deux sortes de religions ~7 très différentes. Le besoin de l’homme naturel est avant toul de se procurer aide et protection dans les vicissitudes de son existence. ,J Comme il se voit soumis à l’action de forces.et d^agents physiques ̃bien supérieurs à lui par la puissance, il éprouve, le besoin de se ` mettre en communination avec ces forces tout en leur prêtant une nature semblable a la sienne. Dans un article précédent, j’ai déjà fait remarquer, que l’homme, après avoir éprouvé par une expérience constante la validité des inductions au moyen desquelles il reconnaît t’