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42 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

subir de diminution, mais encore aller en croissant. Le végétal qui a extrait du charbon de l’acide carbonique, a recréé un ensemble de corps- charbon et oxygène – dont la juxtaposition représente une plus grande somme d’énergie utilisable que l’acide carbonique. M. Duhem attribue la Helmholtz l’indication de cette hypothèse, et, sans s’y rallier expressément, parait la regarder comme sérieuse1. S’il a paru intéressant d’énoncer cette idée, hâtons-nous de dire qu’elle nous semble peu conforme aux résultats de la science actuelle. Tout l’effort de la physiologie moderne tend à montrer que,’pris isolément, tous les phénomènes physico-chimiques accomplis à l’intérieur des êtres vivants obéissent aux mêmes lois qui régissent les corps bruts ; et puisque la conservation de la matière et la conservation de p l’énergie sont des principes généraux, également applicables aux corps bruts et aux êtres animés, nous devrions attendre pour révoquer en doute la validité du principe de Carnot dans le cas des êtres vivants, que des expériences positives aient permis de prendre sur le fait une pareille dérogation.

Dans le cas des végétaux, si on prend une caisse fermée, à parois imperméables à la chaleur et a la lumière, et qu’on y mette des plantes vertes, puis avec elles les appareils nécessaires pour alimenter une lampe électrique à arc, sous l’influence de cette lumière les plantes décomposeront l’acide carbonique et restaureront l’énergie chimique représentée par le charbon et l’oxygène ; mais cette restauration d’énergie de qualité supérieure se trouve compensée, et au delà, par la dégradation que comporte le rayonnement de l’arc électrique, source chaude qui envoie chaleur et lumière sur des corps plus froids. Le seul avantage que comporte l’introduction du végétal dans la caisse est que, grâce à lui, la dégradation de l’énergie est moins rapide et moins complète au lieu de laisser se gaspiller toute l’énergie utilisable, ce qui arrive quand on laisse agir « les lois naturelles », la plante en utilise et en met en réserve une partie. On peut caractériser de même le rôle de l’animal, qui utilise l’énergie chimique dont il dispose, incomparablement mieux que ne le ferait une machine à feu. Le développement et le perfectionnement de la vie à la surface du globe permet l’utilisation d’une fraction de plus en plus grande de l’énergie utilisable qui lui est versée. A plus forte raison en est-il de même si, nous élevant encore dans l. Duhem, Théorie the-modynamique de la viscosité, du frottement et des faux ,“ équilibres chimiques. Paris, Hermann, 1896, p. 206.