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C. EOUGLÊ. – ANTHROPOLOGIE ET DÉMOCRATIE. 447

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en nature et à mettre sur le même pied des individus anthropologiquement différents est stérile et absurde. D’où critique du suffrage Rev. Meta. T. V. 1897. ’̃ 29

une partie notable des intelligents. La sélection politique, par les proscriptions et les oppressions de toutes sortes, élimine ou étouffe les plus indépendants. La sélection morale elle-même, par la charité, favorise les plus faibles. Ainsi, trop souvent, les mécanismes mis en œuvre par la société semblent conspirer pour assurer aux brachycéphales des avantages dont la nature les déclare indignes. Aussi M. de Lapouge ne serait-il pas éloigné de réclamer des sélections enfin méthodiques, systématiques et scientifiques, seules capables de sauver le monde.

M. O. Ammon est plus défiant des réformes, et admire plus volontiers l’ordre social tel que le font les lois naturelles. Quel esprit serait assez vain pour tenter de construire, de toutes pièces, un système plus rationnel ? Dira-t-on que, dans l’organisation sociale actuelle, beaucoup de talents risquent d’être étouffés en germe. Mais d’abord le calcul des probabilités montre que le nombre des individus ` supérieurs qui doivent naître, suivant toutes les combinaisons possibles de la nature, est si petit, qu’il n’y a pas beaucoup de chances pour que tant de talents soient perdus par la faute de la société. D’ailleurs, en fait, n’observe-t-on pas une correspondance générale très suffisante entre les fonctions sociales dont les individus sont chargés et leurs facultés naturelles ? Il serait étonnant qu’il en fût ̃ autrement, tant sont merveilleuses ces institutions spontanées qui sont les « classes », grâce auxquelles cette correspondance s’établit. Grâce aux classes, les individus ne se marient pas au hasard, la « panmixie » est limitée et les qualités eugéniques, loin de se perdre, s’accumulent et se concentrent dans les couches supérieures. Grâce aux classes, les enfants des eugéniques sont, autant que possible, pour le plus grand profit du développement de leurs qualités natives, soustraits au contact des enfants des races inférieures. Grâce aux classes enfin et aux avantages qu’elles assurent aux dirigeants, ceux-ci, mieux nourris et mieux distraits, peuvent cultiver à loisir les plus hautes facultés de l’esprit, pendant que ceux qui sont privés de ces mêmes avantages font, pour les obtenir à leur tour en élevant leur situation sociale, tous les efforts dont leur nature est capable, – le tout pour le mieux de l’intérêt général. Les classes sont ainsi les instruments prédestinés de la sélection naturelle. – Et c’est pourquoi toute réforme qui tendrait à effacer ces distinctions fondées en nature et à mettre sur le même pied des individus anthropologiquement différents est stérile et absurde. D’où critique du suffrage