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446 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

à peine une exagération d établir comme une loi de l’organisation des castes dans l’Inde orientale que le rang social d’un homme varie en raison inverse de la largeur de son nez ! » – Mais ce que nous avons dit des statistiques crâniomêtriques suffit à indiquer la façon dont nos anthropologistes traitent les problèmes sociologiques. Ils vont droit à ces réalités anatomiques qui, suivant eux, mènent les mouvements de la société. Les luttes des classes sont pour eux des luttes de races les supériorités sociales ne sont que la manifestation de supériorités biologiques.

Qu’on projette ces lumières sur l’histoire des aspects inédits sont révélés de la destinée des peuples. L’œil de l’anthropologiste qui sait apercevoir, dans les mêlées sociales, le nombre relatif des têtes longues et des têtes rondes, est seul capable de discerner les vraies forces directrices de l’histoire. Il sait que la fortune d’une nation tient la proportion qui s’y rencontre de ceux que Galton appelle les « eugéniques ». Cette proportion augmente- t-elle ? La nation est en progrès. Diminue-t-elle ? Décadence. Au prix de cette influence ethnique, les influences mésologiques sont peu de chose. Elles n’ont de véritable importance qu’en tant que favorables ou défavorables à la prépondérance des eugéniques. Par leur élimination s’explique la dissolution de la puissance grecque comme de la puissance romaine. De même, la transformation de mœurs dont l’Angleterre a donné le spectacle s’explique par la substitution des dolichocéphales blonds aux brachycéphales bruns dans la direction des affaires La seule chose qui importe vraiment à la prospérité d’un peuple, ti’est donc le sort qu’il fait à ceux de ses membres que, seuls, leurs caractères anthropologiques rendent capables des grandes choses. En ce sens, il faut dire que l’évolution qui améliore ne saurait être collective, mais sélective, et que le vrai progrès consiste dans l’accroissement de la domination sociale des individus anthropologiquement supérieurs.

Quelles conséquences pratiques se déduisent de cette interprétation de l’histoire ? Nos auteurs n’aboutissent pas sans doute sur tous les points aux mêmes conclusions. M. de Lapouge, plus pessimiste, est plus frappé de l’action régressive des sélections sociales. Ici, c’est la sélection militaire qui condamne à la mort la majorité des énergiques, là, la sélection religieuse qui, par le célibat, stérilise i. V. de Lapouga, op. cit., chap. n et xiv.