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f 40 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

sentent les corps réagissants, en énergie mécanique, et cela sans avoir de déchet considérable1.

La machine à vapeur sert à transformer de l’énergie calorifique, énergie de qualité inférieure, en énergie mécanique. On doit s’attendre, et c’est ce que comprit merveilleusement Carnot, à ce que cette transformation ne se fasse jamais intégralement et sans compensation. Dans les meilleures machines, c’est à peine si l’on a 10 p. 100 ou 15 p. 100 de la chaleur fournie par la chaudière, qui soit transformé en travail recueilli sur l’arbre. Le reste de la chaleur tombe dans le condenseur, et c’est cette transformation naturelle de la chaleur, passant d’une source chaude à une source froide, qui compense et qui rend possible la transformation artificielle d’une partie de la chaleur en travail.

Mais, dans la machine à vapeur comme dans la pile, l’énergie première d’où l’on est parti est de l’énergie chimique c’est l’énergie que possède en réserve le charbon du foyer en présence de l’oxygène de l’air la combustion la transforme tout entière en énergie calorifique, et de cette énergie calorifique une fraction seulement, 10 à p. 100, passe à l’état d’énergie mécanique c’est donc seulement 10 à ̃15 p. 100 de l’énergie chimique qu’on recueille sous forme de travail. La pile nous permettait de recueillir sous forme de travail la presque totalité de l’énergie chimique dépensée. C’est, en passant, un précieux avantage que présentent les réactions chimiques susceptibles de produire du courant électrique sur celles qui n’en sont pas susceptibles et il est fâcheux que la réaction chimique la plus usuelle, la combustion du charbon, ne puisse pas servir à faire une pile. Le prix élevé du zinc empêche seul d’utiliser,) industriellement, l’avantage théorique incontestable que présente la pile sur la machine à vapeur. La comparaison de ces deux appareils transformateurs d’énergie, comparaison tout à l’avantage de la pile, pouvait nous conduire à raisonner ainsi la pile (en lui adjoignant un moteur électrique), transforme en énergie mécanique, sans qu’il y ait aucune dégradation compensatrice, la chaleur qui provient de l’attaque du zinc : elle met donc en défaut le principe de Carnot. Il suffit, pour démasquer · le sophisme, de dire la pile transforme en énergie mécanique, non i. On opère la transformation en énergie mécanique, non pas précisément de l’énergie chimique totale, mais de la part de cette énergie qui est de l’énergie de qualité supérieure, et qu’HelmhoItz appelait énergie libre. Cette énergie libre représente d’ailleurs fréquemment la presque totalité de l’énergie chimique.