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G. MILHAUD. ̃– UNE CONDITION AU PROGRÈS SCIENTIFIQUE. 4*29 Il reste les grands événements historiques qui sont venus bouleverser la Grèce et transformer plus ou moins le monde occidental la conquête macédonienne, la domination romaine, l’avènement du christianisme. Mais notre problème est loin d’être résolu par une semblable énumération. On n’a rien expliqué, si l’on n’a pas dit pourquoi, de pareils événements ont pu aider chacun à l’extinction de la science grecque. D’autant qu’à certains égards ils auraient pu, semble-t-il, contribuer à la sauvegarder.

La conquête macédonienne mettait d’un coup les Grecs en communication immédiate avec cet Orient mystérieux qu’ils avaient appris imparfaitement à connaître, et dont les vieilles civilisations pouvaient n’avoir pas encore transmis à la Grèce tous les trésors qu’elles avaient accumulés la science n’aurait-elle pu trouver désormais dans la capitale de l’Egypte un foyer merveilleusement propice à son développement ?

La domination romaine venait enfin mettre un terme aux dissensions politiques, et faire bénéficier lit Grèce d’une paix qu’elle ne connaissait plus depuis longtemps.

Le christianisme, de son côté, n’apportait-il pas la paix morale, la paix de l’âme ? e.t quand, après une période si troublée au point de vue des doctrines morales et religieuses, la pensée pouvait enfin se reposer de chercher la solution des grands problèmes qui la tourmentaient, le moment n’eût-il pas semblé bien choisi pour les recherches scientifiques ?

Si donc ces grands événements ont au contraire aidé au ralentissement et à l’extinction de la science grecque, c’est par un côté qui doit leur être commun, et qu’il est facile de saisir ils ont tous concouru à éloigner la pensée hellène de la spéculation purement désintéressée. Les Orientaux et les Egyptiens étaient d’une très grande activité, mais d’une activité que guidaient des préoccupations pratiques. Nous avons sur ce point des témoignages qui, pour dater d’époques fort différentes, n’en sont pas moins concordants. Platon, qui avait voyagé en Egypte, refusait aux habitants de ce pays le droit de s’appeler îptXofxifJsi ;, et les déclarait propres seulement aux métiers lucratifs. Quelques siècles plus tard, l’empereur Hadrien, de passage à Alexandrie, écrivait « ’Ville opulente, riche, productrice, où personne ne vit oisif ! Les uns soufflent le verre, les autres fabriquent le papier, d’autres sont teinturiers. Tous professent quelque métier et l’exercent. Les goutteux trouvent de quoi faire ; les myopes ont à