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il reste un seul recours possible, c’est que le passage de l’obstacle soit dû. au divin que, par la découverte de profondeurs’ ? spirituelles nouvelles, la souffrance et le mal ne soient pas simple- ! ment supprimés, mais qu’un domaine supérieur s’entrouvre et quel l’homme soit exalté par !a religion. A ce prix seulement on pourra obtenir la réalisation de la paix et de la félicité dans la lutte et la souffrance, d’une foi solide comme le roc dans le doute et le souci, de la pureté et de la simplicité du coeur dans la confusion et l’obscurité.

Mais cette affirmation du bien au milieu du mal est le point où les religions historiques trouvent place avec leurs dogmes, et où chacune développe le plus complètement son originalité. Or la philosophie peut appuyer cette tendance en ce sens qu’elle fait voir, à l’intérieur de la vie spirituelle, un degré supérieur qui s’est constitué dans la lutte, qu’elle distingue clairement entre une spiritualité pri- n mitive et une spiritualité supérieure. A cela correspond dans l’humanité une distinction entre une culture universelle et un travail orienté dans le sens de l’intériorité, entre une vie située en deçà, et une vie située au delà de la douleur, entre une action dont les effets portent sur la totalité de l’univers et une vie se résumant dans la sainteté de l’âme. Mais le détail de cela demeure la chose de g’ la religion, et, en somme, c’est seulement la réalité positive de celle-ci qui peut en démontrer la vérité. zp*

Mais alors l’homme ne peut attribuer à la religion une fonction déterminée, et en attendre une refonte originale de la vie, sans assigner au développement historique de la^reîigion, aux grandes sociétés et aux personnalités créatrices, beaucoup plus d’importance que ne fait habituellement la conception universelle de la religion. Car, même si dans la religion positive la chose principale est toujours ca>ijuL peut être vécu immédiatement par chacun, cette vie religieuse ne va pas sans un certain sentiment de supériorité relativement aux formes universelles de l’existence, elle a la plus grande peine à prendre une forme intuitive et à relier les impulsions isolées en un tout consistant. Or ici le travail de l’histoire, universelle prête un secours dont l’on ne saurait se passer travail qui est commencé par la collectivité, et qui parvient à son •sommet dans les grandes personnalités. Ici la religion, même au sens étroit, est la force motrice de l’homme tout entier, ici elle ̃acquiert le caractère d’une réalité intuitive, et emprunte à ces