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Mais ce n’est pas nécessairement là où le mal a pris naissance qu’il va sévir, avec le plus d’intensité, c’est là où il rencontrera le milieu ’le plus favorable. En d’autres termes, c’est là où les raisons qu’on’peut avoir de restreindre le nombre des enfants seront les plus nombreuses, les plus générales, les plus fortes ; et là aussi où les raisons contraires seront le plus rares ou le plus faibles. Il y a donc, à la dépopulation, trois facteurs nécessaires, dont l’absence d’uruseul. peut empêcher le phénomène de se produire 1° l’idée, fournie par l’imitation des hautes classes, elles-mêmes à- la fois corrompues et réfléchies, de limiter sa progéniture ; idée qui, pour être comprise et adoptée, exige encore et la facilité des communications et un minimum de réflexion, en un mot une civilisation assez avancée. Contre-épreuve dans les pays les plus pauvres, mais où ce facteur manque, les causes qui ailleurs produisent la dépopulation, agissent tout différemment : dans les Basses-Alpes, par exemple, la Lozère ou l’Aveyron, on émigre, mais les familles continuent à être nombreuses autre exemple les Chinois ; – 2° une raison d’adopter cette idée et de s’imposer cette réflexion ; et cette raison pourra être de nature très diverse suivant les classes ou les lieux pauvreté, appréhension égoïste des soins qu’exigent les enfants, souci égoïste des bouches à nourrir, peur de démembrer le bien patrimonial, désir désintéressé d’assurer l’avenir de l’enfant, etc. toutes les raisons indiquées par les économistes et les moralistes peuvent être vraies tour à tour ou à la fois ; 3° absence de raisons contraires par exemple absence d’idées morales ou religieuses capables de faire comprendre la laideur de ce calcul au point de vue moral et patriotique ; absence aussi, peut-être, de mesures législatives encourageant à la procréation ou en diminuant les charges.

D’où il suit que, la pauvreté étant le plus impérieux des motifs qui peuvent faire redouter à l’homme une famille nombreuse, elle peut être considérée saris doute comme un facteur important de la dépo-elles, de. distinguer et de mettre à leur place les plus dignes, les mieux douées, les plus conformes au type idéal de l’espèce, et d’en assurer ainsi la conservation ou le progrès. La méthode de la nature semble être la multipficatîon quantitétivp.

celle de l’intelligence humaine la culture .qualitative. L’homme fend

partout à restreindre la -fécondité naturelle, pour utiliser, améliorer, tirer parti de tout ce qui est. Mais il ’est clair que ice calcul, pour raisonnable qu’il puisse paraître, a pour conséquence de’ tuer dans. l’humanité la spontanéité et la force de l’instinct, d’en tarir la sève originelle. Et c’est lâ une des : formes (lui grand et éternel conflit de la nature et de la raison. ̃’