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314 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

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..·- ~j’V, .vu ..UJ.l"’J :1r"1~eU£¡ bi LJS lI,I.V,l.’l1~£¡,. ment puisqu’elle est une synthèse primitive et irréductible d’éléments, qui même ne sont conçus comme tels que par une opération abstraite de l’entendement. Le rôle de l’analyse, si considérable qu’il soit, ne peut être que négatif ; elle ne peut et ne doit servir qu’à résoudre les nécessités factices qui limitent ou empêchent l’intuition immédiate. Tout autre acte qu’un acte d’intuition immédiate ne peut nous faire connaître du réel que des formes partielles et discontinues. L’intuition immédiate, c’est le réel se saisissant lui-même dans son progrès concret, dans son unité indivisée et indivisible, avant les déterminations distinctes qui le morcellent. Omnis deierminatio negatio est. La pensée de M. Bergson est toute pénétrée de la vérité de cette formule, dont elle prétend trouver la confirmation dans un sentiment adéquat de la continuité de la vie intérieure. Mais ce n’est pas seulement l’expérience intime qui nous permet de retrouver le réel tel qu’il est, à la condition d’être débarrassée de toute interposition artificielle ; c’est aussi l’expérience externe. Car, d’abord, ces deux sortes d’expérience ne sont pas absolument l’une en dehors de l’autre ; « notre perception faisant partie des choses, les choses participent de la nature de notre perception » (p. 200) ; si bien qu’en somme les formes psychologiques de l’existence enveloppent cela même qui nous est extérieur. En outre, si ces deux sortes d’expérience, et surtout l’expérience externe, semblent être actuellement en dehors du réel, ce n’est pas parce qu’elles sont l’expérience, c’est parce qu’elles ne sont pas toute l’expérience. Il faut émanciper l’expérience du préjugé empirique en vertu duquel nous la regardons d’abord comme incohérente, sauf à chercher péniblement les moyens d’en raccorder les parties. Si l’expérience se révèle superficiellement à nous par des modes finis et disjoints, c’est parce qu’elle a dû s’infléchir dans le sens de notre utilité ; et voilà pourquoi on déclare, qu’elle ne peut donner lieu qu’à une connaissance relative, susceptible ou non, selon les systèmes, d’être complétée par une connaissance transcendante. Mais, au fond, si elle est relative, ce n’est pas à des nécessités irréductibles de notre esprit, mais a des habitudes engendrées par nos besoins. En travaillant à nous dépouiller de ces habitudes nous pourrons reprendre contact avec le réel et saisir dans l’expérience absolue la réalité absolue qui ne fait qu’un avec elle. L’être de l’expérience complète telle que l’entend M. Bergson est assez analogue à l’être de l’intuition intellectuelle, conçu par certains métaphysiciens, dont l’indécomposable