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368 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MOBALE.

sons qu’on assigne à la perception et au souvenir dés éléments ner : veux distincts comment se fait-il que le souvenir tende à s’achever dans la perception ? L’origine de ces insolubles difficultés est toujours là même ; on traite le souvenir et la perception comme des choses, au lieu de considérer le progrès par lequel l’un rejoint l’autre. Mais comment, le souvenir peut-il rejoindre la perception, sinon parce que les centres où naissent les sensations élémentaires peuvent être actionnés aussi bien par les images remémorées que par lés images des objets actuels ? Il n’y a pas dans la substance cérébrale d’images, de centres d’aperception il y a simplement des organes de perception virtuelle influencés par l’intention du souvenir, comme il y a à la périphérie des organes de perception réelle, influencés par l’action de l’objet. G’est-à-dire que des excitations peuvent émaner du dedans, que l’image virtuelle tend à faire agir le corps dans un certain sens et qu’elle provoque pour cela les sensations correspondantes. Et il devient alors indispensable de suivre cette évolution de l’esprit qui va du souvenir pur au mouvement par l’image et la sensation c’est, rappelons-le bien, une évolution il faut donc essayer de la saisir et de la reproduire, et se’ bien garder d’en réaliser et d’en séparer les moments..

Toute cette démonstration de M. Bergson, conduite avec tant de précision et d’ingéniosité, aboutit finalement à ; mettre’ aux prises deux conceptions de la vie de l’esprit l’urie est la conception associationniste, qu’accepte au fond l’école physiologique en la transposant dans une autre langue, et d’après laquelle la réalité psychologique se constitue par le. rapprochement mécanique d’éléments plus ou moins inertes ; l’autre est la conception déjà soutenue autrefois par M. Bergson, d’après laquelle là réalité psychologique est en son fond un progrès dynamique, que les nécessités de la pratique et les exigences de l’entendement discursif morcellent en phases discontinues, fixées même comme des choses. Cette conception n’est pas simplement reproduite au cours de ce nouvel ouvrage ; elle en a été, d’après ce que nous ’dit M. Bergson dans son Avant-propos-, l’idée génératrice. Seulement elle est développée en un sens nouveau, et, à ce qu’il semble, de façon-à résoudre certaines difficultés que laissait subsister Y Essai’ sur les données immédiates de la conscience. Ce dernier livre restait dominé par une tendance dualiste très nette en dépit des indications que çà et là* il fournissait pour la réduire. Il s’appliquait à "retrouver surtout la fuyante- activité du :«̃ moi profond » ;