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34*0 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE :

IL dépend de nous de nous réaliser selon l’idéal normal, puisque nous pouvons retrouver en nous le processus par lequel l’âme avait, avant toute intrusion d’un modèle hétérogène et toute déviation possible de ce processus, commencé cette réalisation d’elle-même. Ce processus, nous l’avons vu, consiste à prendre devant tout donné (ou paraissant tel) l’attitude critique pour elle-même. Celle-ci, étant I la revendication du droit suprême et de la réalité absolue de l’esprit, nous permettra, si nous l’assumons, de réaliser l’âme selon un idéal vraiment idéaliste. Nous disons prendre l’attitude critique pour elle-même, c’est-à-dire sans autre but que la manifestation de cette attitude et de ce qu’elle enveloppe, et sans attacher aux résultats Spéculatifs auxquels elle peut sembler conduire d’autre valeur que d’être une traduction extérieure et symbolique, une expression à forme concrète de la détermination critique, de cet acte intime dans lequel l’esprit formule et satisfait à la fois sa revendication de soi. Nous disons aussi :• prendre l’attitude critique devant tout donné, c’est-à-dire même devant ce terme de l’antithèse appelé le sujet, devant le donné qui parait nous être le plus individuel, à savoir notre propre passé psychologique quelque indépendante que sa formation semble avoir été de toute influence étrangère à nous et notre propre constitution originaire, celle qui se manifeste dans ces questions et ces solutions senties vraiment nôtres et pour la détermination desquelles nous signalions la nécessité d’un examen de conscience psychologique. On voit maintenant mieux la raison de la nécessité de celui-ci tant qu’il n’a pas eu lieu, nous logeons en nous subconsciemment une nature, des certitudes, qui nous éloignent d’autant plus de l’idéal normal que nous ne pouvons même songer à prendre devant elles, puisque nous ne les remarquons pas, l’attitude critique. Et quant à notre propre passé psychologique, aux certitudes apparentes que nous avons formées par l’exercice de la réflexion et de la présence desquelles nous avons conscience, ce sont, elles, des chaînes visibles, mais qui ne nous apparaissent plus chaînes parce que nous les avons forgées nous-mêmes, délibérément, et avec nos seules forces et nos seuls matériaux. Mais pour n’être pas l’expression de la domination d’une nature extérieure, ces certitudes n’en ’sont pas moips une « nature » en nous, interne seulement dans sa forme, mais non dans son essence, car elle a été ` créée sur le modèle de la nature extérieure, par la vertu du mirage que la manière d’être attribuée à celle-ci a exercé sur l’esprit et