Page:Revue de métaphysique et de morale, 1897.djvu/342

Cette page n’a pas encore été corrigée

338 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

îe second aue l’on fasse rentrer dans le premier et non le premier le second que l’an, fasse rentrer dans le premier et non le premier dans le second. Car il reste que l’unité ne renfermera que du donné, les deux termes unifiée n’y seront fondus que comme donnés, puisque c’est le seul caractère commun par lequel on puisse les réduire complètement l’un à l’autre, sans appauvrir, par aucune exclusion, la somme de réalité qui figurait dans l’antithèse. Par suite ici, comme c’est par une transposition (ou interprétation) en termes de conscience que l’unification se ferait, et que, d’autre part, celle-ci ne pourrait avoir lieu que dans la catégorie universelle du Donné et grâce à elle, les faits de conscience seront subsumés sous cette même catégorie et les voilà du même coup dépouillés de leur caractère spécifique de durée et soumis à une objectivation interne qui les fixe et les spatialise. Pour ramener à eux les faits objectifs, il aura fallu défigurer les faits subjectifs et les altérer dans leur essence, et ce sera une réalisation de l’âme selon un idéal encore inadéquat, moins ruineux seulement pour elle que l’idéal naturaliste moins ruineux surtout en ceci que la déviation matérialfsle propre à l’idéal naturaliste sera évitée et que la psychologie échappera à Fépiphénoménisme.

Essayons donc de reconnaître cet idéal vraiment idéaliste qui sera exempt du défaut signalé et grâce auquel l’âme pourra se réaliser selon elle-même. Les idéaux examinés jusqu’ici n’étaient que des certitudes latentes (qui n’ayant, elles aussi, d’autre fondement qu’elles-mêmes, ne sont certitudes que parce que nous leur concédons ce caractère) et, comme tels, des intrusions d’une nature en nous, intrusions que la seconde règle de la méthode nous recommandait de combattre. Nous l’avons fait en essayant de les mettre en pleine lumière. Mises en pleine lumière, elles ont apparu d’ellesmêmes comme étant la négation du devenir de l’âme. Elles réduisaient celui-ci à un mouvement en cercle qui donne à l’âme l’illusion de l’activité et du progrès et borne son travail de réalisation d’ellemême à un simple processas de déploiement d’une nature enveloppée en elle processus dont le moment final est, nous l’avons vu, la réapparition, à l’état d’enveloppement, de cette nature en nous, sous la forme d’une attitude prise dorénavant avec conscience par l’âme devant les phénomènes. e

Ce qu’il nous faut donc, c’est concevoir un idéal de l’âme qui n’enveloppe pas une certitude, qui n’emprisonne pas, comme font les autres, son activité réalisatrice dans un mouvement circulaire et