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traduit .et, raisonnablement, je n’en pourrai désirer d’autre. » Ainsi, au moment où une certitude psychologique sur une question particulière se constitue en moi pour la première fois, elle prétend enchaîner, pro tanto, mon avenir spéculatif. Et pourtant qu’on y songe cette soi-disant certitude repose -elle-même sur une croyance une croyance de la nature de l’espoir en la permanence des conditions générales sous lesquelles se présente l’existence de la conscience, et elle n’est qu’une forme particulière de cette croyance. Ce n’est pas une certitude, attendu que, comme certitude, elle a pour fondement une simple croyance, précisément à elle-même. Ici encore, par conséquent, un examen de conscience nous délivrerait des chaînes de la certitude puisque celle-ci n’est qu’une apparence, il n’y a ici d’entrave que parce que nous espérons cette entrave et en tant que nous l’espérons. Ce qu’on appelle certitude, c’est l’espoir de la certitude. Aux moments postérieurs, cette « certitude peut exister consciemment ou exister subconsciemment. Si elle réapparaît consciente, comme qualité émotionnelle d’un jugement psychologique, outre qu’elle tient déjà de son origine première le caractère que nous venons de voir, elle suppose de plus la croyance en la fidélité de la mémoire, n’est qu’une forme particulière de cette croyance et de l’émotion y afférente. Et comme cette dernière croyance n’est à son tour qu’une croyance-espoir, la certitude réapparaissante doit aussi être envisagée, a fortiori, comme ne nous enchaînant, en fait, que par notre faute, par cette négligence envers nous-mêmes qui nous fait lire si mal le livre intérieur. Dans ces deux cas donc, il suffit que nous venions à l’aide de notre âme, si l’on peut s’exprimer ainsi, en ne méconnaissant pas son véritable travail, au risque de le faire échouer, et en favorisant au’ contraire, par la projection de la lumière de- la conscience sur leurs vrais résultats, ses efforts pour se réaliser selon elle-même.

En est-il de même en ce qui concerne la certitude ou solution particulière quand elle est subconsciente ? Elle existe alors sous la forme d’un arrêt, d’un obstacle à toute : nouvelle tentative dirigée sur le même (en apparence) objet de recherche. C’est une résistance passive et sourde, d’autant plus puissante qu’elle n’est pas déclarée, car par là el le ne nous met pas en défiance. Contre celle-ci un examen ` de conscience attentif, une lecture soigneuse du livre intérieur ne servirait à rien, précisément parce que les caractères sont devenus invisibles à cet endroit du livre. Mais il nous reste une ressource» :