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J.-J. GOURD. LES TBOIS DIALECTIQUES. 317

dialectique doit recommencer avec chacun d’eux. Les résultats ne sont pas obtenus une fois pour toutes, il faut toujours les conquérir à nouveau.Ce qui pourrait nous le faire oublier, c’est que ce travail devient toujours plus facile par l’habitude, ainsi que par les points de repère et les substitutions qui se présentent en abondance. Non seulement le renouvellement de la conscience se fait de soi-même, mais encore il bénéficie toujours du travail dialectique qui l’a précédé. Les coordinations laissent leur trace dans la réalité concrète. Elles fournissent la base sur laquelle celle-ci se produit. Par exemple, il est impossible que la conscience concrète ne soit pas affectée parles modifications que les catégories de temps et d’espace ont préalablement apportées, et que, dans la, même mesure, elle n’en soit pas enrichie. Donc, n’ayons pas de crainte sur le succès de notre tentative. -Ce que nous cherchons s’est déjà accompli au cours de la dia- i lectique et s’accomplira certainement à la fin.

Mais il y a diverses manières, ou plutôt divers degrés, pour la conscience, d’être concrète reportons-nous aux diverses espèces de perceptions que distingue la psychologie. En opposition aux perceptions dites réelles, nous plaçons ordinairement les perceptions imaginaires. Celles-ci sont pourtant concrètes, mais à un moindre degré. L’équilibre est rompu en elles au profit des matériaux extraits d’états de conscience antérieurs, et au détriment de l’élément original, nouveau, différentiel. Et il en. résulte un concret atténué, diminué. Nous avons bien une perception, mais une perception imaginaire or, n’en serait-il pas de même lorsque la conscience se renouvelle au cours de la dialectique ? Ne lui manque-t-il pas les conditions de la pleine réalité concrète, d’abord par le fait même, que ses, éléments constitutifs n’ont pas tous été également mis en valeur ? L’équilibre est rompu en elle au profit de certains éléments, et au détriment des autres. Supposez, par exemple, un philosophe qui n’aurait donné de soins qu’à la dialectique théorique, et .qui, dans son exclusivisme, aurait réussi à s’assimiler profondément les interprétations du phénoménisme, : ne vivrait-il pas, en dépit du renouvellement incessant de sa conscience, dans un monde aussi imaginaire que .celui de l’artiste, ou même, avec un peu de réalisme, aussi imaginaire que celui de l’halluciné ? Mais ce qui manque surtout, au cours de la dialectique, c’est un élément différentiel ^ original, nouveau, capable de faire un contre-poids suffisant aux matériaux fournis par le -travail précédent. Encore- une’fois,