Page:Revue de métaphysique et de morale, 1897.djvu/317

Cette page n’a pas encore été corrigée

J.-J. GOURD. – LES -TROIS .DIALECTIQUES. 313

dans les héroïsmes mondains, dans les événements extérieurs, dans l’art, dans tout ce qui sort des cadres et des habitudes de leur religion particulière, les chrétiens sauront encore trouver leur Maître. D’autre part, l’ordre pratique et l’ordre théorique achèveront ainsi de s’unir. « Ce n’est pas moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi », s’écrie ° l’apôtre Paul c’est Christ, c’est-à-dire mon absolu librement choisi, sur lequel je reporte mes effotts de générosité, de pardon, de résignation, aussi bien que les sublimités inattendues de la nature et de l’histoire. Enfin l’absolu choisi deviendra le symbole des hors la loi que fera surgir la communion de ceux qui le cherchent. « Là où deux ou trois seront assemblés en mon nom, je serai aussi. » C’est la justification la plus profonde de l’Église et du culte. Nous voilà donc en possession du caractère essentiel de la personnalité. Les autres suivront aisément. Ainsi, nous serons autorisés à attribuer à Dieu une sorte de mémoire. Le symbolisme y conduit tout naturellement. Quand nous transportons les divers hors la loi sur l’absolu choisi, que faisons-nous, sinon les agréger, les incorporer il lui ? Et le souvenir’ est-il autre chose que cette incorporation ? En ce sens, on l’a dit avec raison on ne se souvient que de soimême. La sensation, objet du souvenir, peut bien se produire, et • même se localiser, sans l’intervention du moi ; mais elle n’arrive que par lui à l’élément caractéristique et terminal du souvenir, à la reconnaissance. Il y a identité entre ces deux idées reconnaître et rapporter au moi. Au moi, c’est-à-dire à un groupe déjà formé, à un groupe constant, d’états ~de conscience ; et aussi, pour l’origine du moins, à un état de conscience "plus fort que les autres, autour duquel les autres ont fait corps, et dont le rôle a été peut-être décisif dans la constitution de notre personnalité. Ce centre de groupement, • et ensuite ce groupe constant, autour duquel les autres viennent prendre place, nous les avons également pour la personne divine. Pourquoi donc lui refuser la mémoire ? – Vous dites que c’est nous qui la lui créons, qu’elle ne la possède pas par elle-même. Mais, n’avons-nous- pas créé auparavant le symbole et la transcendance, et même l’immanence ? Qu’y.a-t-il en tout cela, sinon des résultats = de la dialectique ? Et nous-mêmes, sommes-nous autre chose qu’un de ces résultats ? La personnalité qui résulte notre mémoire, n’est-elle pas, aussi bien que celle de Dieu, une agrégation de la dialectique, et même une agrégation flottante, toujours inachevée, dont personne ne saurait marquer exactement les limites ? – Vous dites qu’au