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308 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

diose sans doute, mais sans attrait et sans influence sur la vie. N’oublions pas qu’au lieu d’aller de la transcendance à l’immanence, nous allons de l’immanence à la transcendance, et que, arrivés à celle-ci, nous restons soutenus par tout ce qu’il y a de positif et de substantiel en celle-là. L’absolu dont nous vivons, c’est celui qui s’est manifesté dans le monde, avant de se concentrer en état de relative séparation dans notre conscience,

IV. Le Dieu personnel. Le Dieu transcendant, à son tour, doit céder la place au Dieu personnel. Deux raisons principales l’exigent. – La première, c’est le besoin de fixer davantage l’unité de l’absolu. Nous avons dit qu’il n’y a pas lieu de pousser plus loin l’unification de l’absolu dans la voie de l’abstraction ; en revanche, il y a lieu de chercher une unité moins flottante, moins variable, quant au nombre et à la nature de ses termes. Cette raison nous rappelle, en sens inverse, celte que les dialectiques précédentes trouvaient dans la difficulté du premier terme. La seconde, c’est le besoin éprouvé parla dialectique religieuse, après le travail qu’elle a accompli sur les hors la loi, surtout après le travail d’abstraction, de se corriger en quelque sorte* elle-même. Insistons sur cette dernière raison. Il est arrivé ici ce qui s’était déjà produit dans le domaine de la science et de la morale. Comme celles-ci, et malgré les différences d’objet et de procédé, la dialectique religieuse a introduit l’opposition gênante du sujet et de l’objet. – D’abord, au point de vue théorique. Eu mettant l’absolu en relief, elle l’a, si l’on peut ainsi dire, raidi, durci, elle l’a forcé à se ramasser en lui-même, à se concentrer ; et, à la suite de cette concentration, est venue la distinction connue entre ce qui prend conscience et ce dont il est pris conscience. Précédemment, la conscience était sollicitée à s’étendre au delà d’elle-même maintenant elle est sollicitée à se retirer en deçà d’elle-même. Une sorte de région vide enveloppe l’absolu. L’objet, au lieu d’être plus large que le sujet, est devenu plus étroit, maisc’est bien encore un objet en face d’un sujet. Et comment passer de l’un a l’autre sans que le relief de l’absolu en soit diminué ? Ce dualisme empêchait auparavant le roulement facile et rapide dé l’esprit maintenant il s’oppose à la fermeté et à. la plénitude, de notre intuition. Il convient donc de’le faire disparaître ; il faut que l’objet, sans perdre les bénéfices de la concentration qu’il vient d’acquérir, s’élargisse jusqu’à la limite du sujet ; en d’autres termes, il faut’qu’il