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J.-J. GOURD. LES TROIS DIALECTIQUES. 303

tionnel, de l’absolu, dans l’univers et dans l’action pratique, c’est sa « bonne nouvelle », son incompréhensible nouvelle, du «Dieu.avec nous », du « Dieu en nous », c’est sa « folie de la croix ». l. Le Dieu transcendant. – Aurions-nous déjà Dieu ?. Sans doute. Cet incoordonné que la dialectique rencontre en des circonstances si diverses, qui fait irruption dans les événements et dans notre volonté, tantôt faible, tantôt fort, c’est en quelque sorte la substance de Dieu. Lorsque la dialectique l’a élevé au-dessus du mal et de l’erreur, lorsqu’elle en_ a agrandi ou fait ressortir la puissance, c’est Dieu lui-même. Et parce que ce Dieu est dans le monde, et parce qu’il demeure dans le monde, nous pouvons bien dire que c’est le Dieu immanent.

H ne ressemble pas, il est vrai, à celui que propose sous ce même nom, soit le panthéisme, soit certaine forme du théisme traditionnel ; ce n’est point l’être universel et nécessaire, substance, réalité, perfection de toutes choses ; mais nous nous en félicitons vivement. Voyez. D’une part, notre pensée évite une pénible contradiction "l dont nous avons déjà fait justice. N’avons-nous pas montré que la, philosophie, en opérant la réalisation de l’unité suprême des choses, d’où résulte l’immanence panthéiste, s’est créé, au point de vue théorique, des difficultés insurmontables ? Toute la subtilité de ses docteurs n’a réussi tout au plus qu’à les voiler. Ou bien l’être universel s’annihile dans les existences particulières, ou bien les existences particulières s’annihilent dans l’être universel. Dans les deux cas, la théorie panthéiste manque son but. Or, rien de sem- ̃ ̃ ; blable pour l’immanence de la dialectique religieuse. Elle ne rencontre d’autre difficulté que celle de l’objet religieux lui-même, j’entends celle de la croyance générale en l’incoordonné ; et, si nos habitudes d’esprit rendent celle-ci hésitante, elles ne la rendent pourtant pas impossible. D’autre part, quel avantage au point de vue religieux ! La notion de l’être universel relève exclusivement de l’ordre théorique. Quel rapport peut-il y avoir entre cet être et l’absolu ? nous sommes-nous déjà demandé. Le terme le plus large de la coordination pourrait-il donc se confondre avec l’incoordination elle-même ? Ce qui contient tout, ce qui se trouve en tout, n’est-ce pas en définitive ce qui a besoin de tout ? Et nous pourrions insister en disant que, si Dieu n’est que l’unité des choses, le divin devient naturel, le naturel devient divin, et les hors la loi qui ponsti-