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c’est aue le nostulat fondamental d’où l’on est parti est incc c’est que le postulat fondamental d’où i on est parti est inconciliable avec les principes du criticisme. Ce postulat est celui-ci Nous n’avons pas d’intuition intellectuelle ; et l’on en a déduit les deux corollaires suivants 1° II existe des choses en soi, causes transcendantes de nos sensations ; 2° Les données des sens possèdent par elles-mêmes quelques déterminations. Or, nous l’avons mon|ré, on s’engage ainsi dans des difficultés inextricables, car, si vagues, si flottantes, si « virtuelles » que puissent être ces’ déterminations, du moment qu’elles viennent des choses et traduisent en quelque mesure leur nature et leurs relations, elles sont indépendantes des déterminations a priori que l’esprit leur superpose ; et alors, rien ne garantit qu’elles doivent s’accorder les unes avec les autres. Et si elles ne s’accordent pas d’avance, en vertu d’une harmonie préétablie que l’on rejette comme absurde, il est impossible d’expliquer comment leur accord finit par s’établir. Ou bien, en effet, les déterminations objectives et empiriques doivent l’emporter sur les déterminations subjectives et a priori, et alors elles annulent l’activité de l’esprit, ou plutôt elles lui impriment la forme des choses et lui imposent du dehors ses principes et ses catégories ; ou bien les déterminations matérielles s’effacent devant les déterminations formelles, et alors elles deviennent absolument inutiles, et tout se passe comme si elles n’existaient pas. Dans ce dernier cas, c’est-à-dire si le sensible est indéterminé et indiffêredt à l’application des formes a priori notre auteur reconnaît que nous n’avons plus l’ombre d’une raison d’attribuer la sensation à l’action des choses en soi, et que rien n’empêche l’entendement de se donner ou de construire lui-même son objet. 11 pourrait donc se passer de la sensibilité pour connaître, ce qui affranchirait la raison des limites de l’expérience possible. La moindre intuition intellectuelle nous livrerait la réalité absolue et nous ouvrirait le monde des choses en soi. Si au contraire on nie toute intuition intellectuelle, on asservit l’entendement à la sensibilité, on subordonne la raison à l’expérience et’l’esprit aux choses ; en définitive, on fait dépendre la forme de la connaissance de sa matière, et la valeur des principes a priori de leur conformité aux lois de la réalité. Plus les déductions que M. Hannequin a tirées de l’hypothèse réaliste sont serrées, pressantes, rigoureuses, plus elles font éclater la contradiction latente entre cette hypothèse et le criticisme, puisqu’elles aboutissent à la négation de l’idéalisme transcendental. Si donc l’on veut corriger et compléter le criticisme,