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l. gobtbrat. – Sur- l’hypothèse des- atomes. 243 -1 n’y a pas lieu d’admirer « l’analogie et la parenté » que la loi universelle du changement établit « entre notre nature et la nature des choses », et d’y voir une « garantie de la réalité profonde du Devenir », puisque c’est du Devenir sensible qu’on a inféré l’existence du Devenir réel.

En tout cas, c’est en prenant la conscience pour type universel de l’être que l’auteur concilie l’unité essentielle de l’être avec la diversité et le changement (p. 330) ; par là encore il explique qu’un être puisse agir ou influer sur un autre être sans sortir de lui-même ni entrer dans cet autre (p. 333). Aussi, bien qu’il rejette également de sa métaphysique les symboles mécaniques de l’action à distance et de l’action au contact (p. 333), trouve-t-il néanmoins dans le choc le schème approprié, de l’action réciproque de deux êtres (p. 334), et se sert-il de cette image pour montrer comment ce mode d’action est compatible avec leur impénétrabilité métaphysique, c’est-à-dire avec leur individualité et leur intégrité. Mais, en concevant ainsi l’univers comme une république de consciences, on est amené à faire de la conscience en général, et de la sensation en particulier, une synthèse d’éléments inconscients « Même en nous, et non pas seulement hors de nous, l’œuvre essentielle de la connaissance s’accomplit donc en fait au-dessous du niveau de la conscience claire, loin qu’on puisse invoquer l’inconscience des choses contre la possibilité d’assimiler en elles leur mode de pâtir à une connaissance (p. 335) ».’Il semble que le réalisme psychologique se contredise et se ruine luimême, puisqu’il conduit à considérer !a conscience comme un produit de la nature inconsciente, et à y voir, non plus l’essence de l’être, mais un accident, fût-il le terme et la fin de son évolution. Ce spiritualisme dégénère donc en une sorte d’hylozoïsme, où la con-S science serait le fruit de l’organisation de la nature les êtres conscients seraient pour ainsi dire des foyers ou se condense l’énergie et où se réfléchit l’Univers. C’est en effet une conclusion de ce genre qu’aboutissait l’auteur, dans son Introduction à l’étude de la Psychologie et bien que son élévation de pensée le retienne sur cette pente glissante, il est curieux et instructif de voir le réalisme se transformer fatalement en naturalisme..

. P. 135. « Le phénomène psychique apparaît, dans toute l’étendue du monde des phénomènes, comme le, point unique où les fragments épars de l’énergie totale se rapprochent et s’unissent, où l’unité -du monde reprend dans la synthèse la conscience et peut-être la direction de soi"». (Paris, Masson, 1890.)