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F. rauh. – Usage scientifique des théories psychologiques. 213 F. RAUH. Usage scientifique des théories psychologiques. âi.3 inconscients sur l’utilité. Pourquoi d’autre part un métaphysicien croirait-il à l’influence souveraine de la pensée abstraite ? Parce qu’on.croit le monde intelligible, croit-on tout- homme capable de le reconstruire ? Parce que l’univers est susceptible d’une traduction mathématique, tout homme est-il mathématicien ? A vrai dire, il semble suivre de la théorie de Herbart, pour qui tous les sentiments correspondent à des relations d’idées, qu’en modifiant les idées on puisse modifier les sentiments. Mais Herbart admet que ces idées impliquées dans un sentiment ne peuvent être toujours isolées soit du complexus d’idées auquel elles appartiennent, soit de l’organisme Et ainsi, pratiquement selon lui, c’est non par des idées mais par des sentiments et des habitudes que l’on agit d’abord sur l’homme. De plus, lors même que la culture ou l’éducation proprement dite commence, les idées agissent par leur force propre," par l’intérêt qu’elles excitent non pas nécessairement en tant que jugements explicites, à plus forte raison en tant que jugements vrais 2. Les doctrines intellectualistes sont donc tout, fait innocentes en fait et en droit de l’idéalisme puéril que M. Ribot y rattache. De plus, il confond sous le nom d’intellectualisme comme sous le nom de théories physiologiques deux doctrines opposées, l’intellectualisme- finaliste ou volontarisme (théorie de la finalité organique ou psychologique de l’intelligence confuse) et l’intellectualisme mécaniste de Herbart, d’après lequel les idées sont des forces en relations mécaniques, mathématiquement mesurables 3. Cette seconde forme d’intellectualisme concerne la nature, la substance des sentiments eux-mêmes, la première, le procédé, le mode d’action du sentiment. On peut être intellectualiste en ce premier sens, tout en admettant que les sentiments sont en eux-mêmes des faits organiques ; parce qu’on suppose alors qu’ils se développent logiquement en vue d’un but. M. Ribot est en ce sens un intellectualiste. L’organisme, au moins ° ` dans les cas normaux, ne juge-t-il pas de son intérêt ? Et M. Ribot . Voir Herbart, éd. Hartenstein, vol. V, p. 30. als entspringend aus Ver- > haltnissen sehr vieler Vorstellungen die sich aber nicht einzeln angehen làssen, ja die vielleichl aus physischen Gründen gar nicht gesondert kônnen wahrgenommeh werden.

. Voir les Œuvres pédagogiques d’Herbart, trad. Pinloche, Alcan, 1894. En ’particulier p.. 11B et 79.

. Herbart admet l’idée de finalité ; mais il, ne ; l’utilise pas dans sa psychologie. Voir sur la finalité d’après Herbart, Mauxion, La métaphysique de Herbart, Hachette p. 211.

. P. 409.