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&G6 HEVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

gîque, l’opinion courante que les émotions sont causes des mouvements, comme les mouvements des émotions, et il serait en désaccord à la fois avec lui-même et avec la théorie de James à laquelle il se rallie. Ce n’est pas davantage en tant qu’organe de la sensation | ou de l’idée que le cerveau est la cause primitive de l’émotion ; [ puisque la sensation et l’idée sont inefficaces par elles-mêmes et expriment superficiellement des besoins organiques profonds. Si donc M. Ribot distingue le cerveau de l’organisme, c’est logiquement. Ou si l’on veut, il contribue à l’émotion, mais une fois pour toutes, par cela qu’il existe ; comme la table rase de Locke. Comme elle il à une nature propre, mais tout à fait dépendante. II n’agit pas, il réagit,

II faut donc donner à la proposition de M. Ribot un sens absolu. Or, pour l’établir, il faudrait d’abord montrer la variation proportionnelle de l’émotion et des modifications organiques périphériques. n Et je ne vois pour cela que deux moyens ou bien produire l’émotion par l’excitation artificielle des mouvements et mesurer J’équivalen cérébral de l’émotion en fonction des mouvements produits. Ou bien, par ]a suppression des mouvements, supprimer l’émotion. Nous n’avons pas besoin de dire que la première expérience n’a pas été tentée ; les expériences de Mosso sur la circulation cérébrale prouvent tout au plus la relation de la circulation cérébrale avec l’émotion4. On connaît la tentative de M. Sollier, qui a essayé de réaliser la seconde expérience B. Mais les conditions en ont été très sévèrement et, semble-il, très : justement critiquées3 ; et les résultats en sont contredits par d’autres observations

,i Ces deux expériences ne suffiraient même pas. Le cerveau pourrait être èffet dans certains cas, et cause dans d’autres. H faudrait «donc montrer qu’une excitation directe du cerveau ne peut produire H’émotion par elle-même ; connaître assez la carte cérébrale pour pouvoir en attribuer les différentes parties à des fonctions déterminées, et éliminer ainsi l’hypothèse d’une attribution possible à un certain territoire d’un centre autonome’ de l’émotivité. Notre science en est-elle à ce point de précision ? Et quand cela serait fait, on pouri. Voir Mosso, La peur, trad. fr., eh. IV, p. 46.

Revue phil., mars 4894. 

. Psycà. Rev., sept. 1894, Analyse et critique ’de l’article de M. Sollier par M. Gardiner. M. W. James lui-même a contesté la valeur de ce genre d’expériences, même numéro, p. S17.

. Voir les articles ci-dessus.