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F. raiîh. Usage scientifique des théories psychologiques. 305 ne sont pas d’accord sur co point, et cela le fait hésiter. Mais la théorie intellectualiste et la théorie physiologique sont radicalement distinctes ; et le choix entre l’une et l’autre n’est pas douteux. Le contraste est curieux entre ce scrupule à prononcer sur tel problème minuscule, et cette assurance tranchante, cette foi invincible en face de problèmes immenses.

La thèse de M. Ribot est essentiellement celle-ci lo les émotions sont des mouvements ou arrêts de mouvements ; et ces mouvements sont centripètes, c’est-à-dire appartiennent à la vie végétative.

2° Les émotions secondaires sortent par des complications successives et’continues des émotions primitives, et le degré de force, et la ̃ couleur affective de ces émotions dépendent absolument de la vie végétative. ~j :

En un mot, on peut scientifiquement prouver que l’intensité de nos f~ sentiments, quels qu’ils soient, est proportionnelle à celle de la vie, organique, que le cerveau ne fait qu’exprimer. Voilà la thèse que M. Ribot prétend établir. Et celle qu’il établit en réalité est celle-ci l’homme est mené par ses passions plus que par ses idées, et ces r passions dépendent pour une bonne pari de l’état de nos viscères. ’t Quoique cette vérité ne nous fût pas tout à fait inconnue, nous ne pensons pas du tout qu’il n’y ait aucun intérêt à en .renouveler par des analyses précises la démonstration. Mais il y a .loin de cetteobservation modeste qu’il faut laisser à la vieille psychologie, à l’assertion rigoureuse et scientifique ôtez les mouvements organiques, vous ôtez l’émotion.

La thèse de M’. Ribot se compose de deux propositions. Voyons la première. ` -i. i~’ f- ’J’ ;

Et d’abord est-elle aussi absolue que nous l’avons faite, ? Nous disons que pour M. Ribot le cerveau eu tant qu’organe dé l’émotion est un simple enregistreur des mouvements organiques périphériques. Or M. Ribot dit quelque part que le cerveau n’est pas seulement l’écho des sensations internes, qu’il agit et réagit suivant sa disposition Mais il est bien évident qu’il ne peut être ici question d’une autonomie réelle. Si M. Ribot admettait que le cerveau en tant qu’organe de l’émotion peut être-cause à son tour, cause réelle et non ̃apparente, il admettrait, tout en la traduisant en langage physiolo- 1. Voir p. 116.