Page:Revue de métaphysique et de morale, 1897.djvu/19

Cette page n’a pas encore été corrigée

J.-J. GOURD. – LES TROIS DIALECTIQUES. r ’) 15

la série. D’autre part, les intermédiaires se multiplient, car il. faut éviter non seulement la discontinuité d’existence, mais aussi la discontinuité de dépendance, et l’on ne peut y parvenir qu’en introduisant un très grand nombre de1 termes nouveaux. Enfin, n’est-ce pas un agrandissement du champ de la conscience, que cette projection du présent dans l’avenir, à laquelle la dialectique se croit autorisée i par la fixité même des positions attribuées à chaque objet ? Tout cela, sans doute, ne se fait pas sans porter atteinte à la con- r science primitive. Le fait seul de former une série, et surtout une g p série cohérente, enlève quelque .chose de propre aux termes sériés, L quelque chose de leur « en soi ». Pour prendre rang, ils doivent se plier à l’uniformité de l’ensemble. Inévitablement, ils subissent des réactions de voisinage où s’effacent leurs particularités. D’ailleurs, à a mesure que la coordination avance, et que l’esprit glisse plus rapidement sur chacun d’eux, leur importance diminue, et lorsque le r lien causal s’établit, nous sommes bien près de les perdre complètement de vue. L’artiste le sait bien, lui qui néglige volontairement ~ !f dans son œuvre les beautés de détail qui passeraient inaperçues, ¡ ou qui retarderaient le mouvement de l’esprit. Mais l’artiste sait bbien aussi qu’une sage compromission à cet égard s’impose. Les beautés de détail gardent malgré tout une certaine importance dans ` l’ensemble de son oeuvre. Et il en est de même des objets concrets au ’E moment empiristo de la dialectique théorique.. Ils peuvent être négligés, ils ne sont pourtant pas expressément transformés ou sup- a primés. La conscience se dissémine, mais ne devient pas encore diffuse. Et, si elle s’altère, ce n’est que dans une faible mesure. j

est donc regrettable que l’on na puisse s’en tenir à ce premier 

degré de mise en ordre, où les avantages et les inconvénients semblent se balancer dans une si sage proportion. Mais il suffit d’entre- r voir une coordination plus profonde et plus étendue, pour que ce ~Ë ! soit une impérieuse raison de s’y avancer. Reconnaissons, en effet, que le procédé par addition ou juxtaposition suivi jusqu’ici reste ’ ? insuffisant. On a beau serrer étroitement les uns contre les autres les objets de pensée, on a beau les rendre rigoureusement dépendants les uns des autres, on a beau les relier les uns aux autres par d’infimes transitions, ils restent toujours étrangers entre eux, ils n’arrivent point se pénétrer, II s’ensuit que le roulement de l’esprit en est sensiblement gêné. La dialectique devant faire plus ou moins le tour de chacun d’eux, s’accroche en quelque sorte à leurs parti- ~j