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G. SÉAILLES. – LES PHILOSOPHIEZ LE LA..LIBERTÉ. 171

des causes ’efficientes et mécaniques,, inaperçues comme telles, en finalité, en’ désir et tendance. Comment l’homme ne croirait-il pas ’1 qu’il n’obéit qu’à lui-même, s’il ignore qu’il choisit ce qui lui est imposé On insistera, on dira qu’en dépit de tous les sophismes, de toutes les arguties, je trouve la certitude d’être libre dans <cle sentiment .vif interne » que j’ai de l’être. Mais ce sentiment même est-il ~j vcamiënt`la -c, lalibërté avéç làqtiélle ~on confond ? né ¡ vraiment la conscience de la liberté avec laquelle on le. confond ? ne ’~j~ r~ le fausse- L-on pas en l’interprétant, alors qu’on, croit le constater ? Sij e ’H veux m’en tenir au l’ait, ne pas dépasser ce que je sais, tout ce que j’ai le droit de’ dire, c’est que je n’ai, pas conscience de causes étrangères qui produisent mon action, « mais de ce que je ne sens pas que ma volonté soit nécessitée, suit-il que je sens qu’elle ne l’est pas ? » (J. Lequier.) À la conscience immédiate, substituer une expé-- 0, rience du libre arbitre, iL n’y faut pas songer. Nous ne saurions réa- . ? liser en un phénomène observable la puissance des .contraires que E nous nous attribuons. Pour faire l’expérience de cette puissance, il faudrait vouloir deux’ choses contraires au même instant, ou en deux instants différents qui reproduiraient des conditions entière- J ment identiques. La seconde hypothèse n’est pas moins absurde que la première’ l’identité absolue des .circonstances, des motifs,, des mobiles est une chimère le fait seul d’avoir une fois accompli une action change à jamais nos rapports à .cette action. ~0 L’analyse psychologique a singulièrement compromis l^i preuve directe du libre, arbitre il n’est plus un fait .que sa constatation immédiate cl toujours possible çlève au-dessus de la discussion. La ,<~ J conscience nous laisse dans le doute sur la liberté, la science – ou du moins ceux qui se donnent pour ses représentants – la nie résolument. Le progrès des sciences positives est le grand fait moderne Mlllme~lÚ’~è’rr9gr,èsae$seiep<le,pqs ;itivese.st, l~r gr<1Açtfait I1lÔde~’Íie.’ or le délerminisme est sinon le principe, du moins le postulatum de la science il est impliqué par ses méthodes, il est justifié par le succès de leur application à l’étude’ des phénomènes. Nous ne pouvons généraliser un rapport observé ou découvert par l’expérience ? . Jules Lequier, qui ne se prononce pour lii liberté qu’après en avoir l’ait la ; ?~~ critique la plus pénétrante qui en ail jamais été présentée, écrit : « Je sens ce à quoi je résiste et ce par quoi je résiste, mais je ne sentirais pas en moi ce S i .¡ qui agirait avec mon action et dont je tiendrais l’agir même. : ce-ne pourrait a être pour moi cela qui n’est pas moi. Dire. je sens que je suis libre en pre-I nant telle résolution, revient à dire je sens que je ne suis nullement néces- ̃ site a la prendre. Mais je ne pourrais me supposer sentir cette nécessite qu’en ~° | me supposant y résister, c’est-à-dîre vouloir, moi, autre cliose que ce que je veux.cn effet, au moment où je le veux-, supposition absurde et contradictoire. »