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fiO REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE HORALE.

naat la théorie générale des lois de la connaissance et des lois de la nature h l’idée de la liberté.

III

Après Kant, l’antinomie du déterminisme et de la liberté, de la science et de la morale de plus en plus se précise et s’impose ; l’analyse psychologique,, le progrès des sciences positives, l’importance de plus en plus grande donnée par un grand nombre de philosophes à l’idée du devoir, tout concourt à rendre la solution du problème a la fois plus difficile et plus impérieuse.

Pour les psychologues écossais, la liberté est un fait qui participe de la certitude des données immédiates de la conscience ; on ne la découvre pas au terme d’un raisonnement, on la voit ; on ne la discute ni ne la démontre, on la constate., Un fait n’a pas à se justifier c’est aux philosophes, s’ils le peuvent, de l’accorder avec les lois de la pensée, les lois de la nature, les attributs de Dieu. Si nous doutons, dit Reid, de notre liberté, dont nous trouvons en nous la conviction si naturelle et si forte, pourquoi nous refuser au scepticisme universel ?

L’analyse psychologique a montré de plus en plus clairement l’impossibifité d’assimiler le libre arbitre à un fait directement ̃aperçu, tel que par exemple une sensation, une image, un souvenir. On suppose que la conscience est infaillible, quand elle nous atteste notre liberté ; rien n’est moins assuré. En fait il y a des cas où elle nous trompe (désir de l’enfant, ivresse, actes suggérés), où l’homme se croit libre sans l’être, où sa conscience de la liberté n’est, selon la formule de Spinoza, que l’ignorance des motifs qui le déterminent. Rien n’est plus facile que de comprendre comment peut et doit naître dans la conscience cette illusion que l’on veut ériger en preuve irrécusable. Donnez la conscience à la pierre qui tombe « il est clair qu’ayant conscience de son effort et n’étant nullement indifférente au mouvement, elle se croira parfaitement libre et sera convaincue qu’il n’y a pas d’autre cause que sa volonté propre qui la fasse persévérer dans le mouvement. Voilà cette liberté humaine dont les hommes sont si fiers ; au fond elle consiste en ce qu’ils connaissent leur appétit par la conscience et ne connaissent pas les causes extérieures qui les déterminent. » (Spinoza, Lettre lsii) L’illusion de la liberté n’est que la transformation dans la conscience