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̃ G. SÉAILLES. – LES PHTLOSOPHIES DE LA. ’LIBERTÉ. 167 gulièrement la portée, et de ses théories mêmes peut-être trouverait-on une interprétation qui les rattacherait à soii intellectualisme. Liberté infinie- de Dieu, création dés essences comme des existences ; doute méthodiqfue, subordination du jugement à la volonté, explication de l’erreur par l’infini de la liberté, voilà un ensemble de thèses dont la conséquence semble être de mettre au principe des choses la contingence ; mais qu’on se rappelle d’autre part la théorie de l’évidence, l’ambition d’appliquer à toute la philosophie la méthode déductive, le mécanisme qui de l’univers menace d’envahir l’esprit, cette affirmation enfin que l’indifférence est le plus bas degré de la liberté, que la parfaite détermination en est la forme la plus haute, qu’on cherche chez les disciples ce qu’ils ont retenu de la pensée du maître, peut-être en viendra-t-on à penser que la liberté chez Descartes ne pose que la limite de l’intelligence, qu’elle est un élément de son intellectualisme, un corollaire de la théorie de l’évidence. La liberté infinie de Dieu exprime l’impossibilité de remonter à l’infini A dans la suite des raisons, de tout déduire, de rendre intelligibles les principes mêmes qui font tout intelligible, la nécessité par suite de poser une. limite, une affirmation première qui n’ait pas à être justifiée par l’intelligence. La liberté en Dieu et dans l’homme répond ainsi à la loi qui contraint l’esprit à s’arrêter à la notion claire et distincte, à l’intuition évidente qui, ne pouvantêtre déduite, ne peut se rattacher à une raison antérieure et ne laisse concevoir au delà qu’une puissance que rien- ne détermine. La théorie de la e liberté n’est pas, chez Descartes, au premier plan, elle est subordonnée à son intellectualisme, elle en est une conséquence et une condition. Y. ̃

Pour trouver le véritable précurseur des philosophies do la liberté, ̃ ,P, ’b,U, r, Y,U, ’v,e, ~j,e. Kant ; qui doririe au pc d,8, h,I,IO,’ ’o" sa ",s.e, ’l~l,b, en é,¡I, il faut arriver à Kant, qui donne au problème toute sa généralité, en’ opposant déterminisme, condition de la connaissance scientifique, et la liberté, condition de la vie morale. Savant, disciple et admirateur de Newton, Kant, par la Critique de la raison ]jwe, veut assurer les principes de la science moderne, justifier les mathématiques,’ compromises par David Hume, légitimer leur application à la physique générale. Pour échapper à l’empirisme, il approfondit, l’idée de l’expérience. Le monde n’existant pour nous que comme objet do la pensée, les conditions de la pensée constituent pour le monde donne des lois auxquelles il ne saurait se soustraire. La condition suprême, de la pensée, c’est l’unité. Il faut donc que par l’ensemble