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J.TJ. GOURD. – LES ÏUOIS DIALECTIQUES. 151

qu’on ne nous demande pas de revenir vers des affirmations déjà repoussées. Mais, s’il ne s’agit que de légitimer la conversion du. sujet en objet, pourquoi ne pas nous contenter de ce que nous avons ? Cotte conversion n’est-elle pas suffisamment exigée parla • dialectique ? Ne résulte-t-elle pas nécessairement des progrès delà coordination ? – On craint peut-être que, sans Diou, elle ne puisse s’accomplir. Mais comment, avec Dieu, le pourrait-elle ? Qu’on ne dise pas que Dieu, en se mettant lui-même à la place de l’objet, rend ^elui-ci plus attrayant la doctrine de l’obligation doit justement ~( ’mettre fin à celle de l’attrait. Qu’on ne dise pas non plus .que Dieu oblige parce qu’il commande. Que pourrait être son commandement ? Un vouloir : portant sur notre vouloir ?Mais il faut pas qu’un vouloir étranger se substitue au nptre sans notre, assentiment. Tout ce qui pourrait ressembler à une fascination, à une suggeslion, est ̃ exclu d’emblée du domaine moral. Pour atteindre le but de la dialectique, notre volonté est tenue de garder, même en l’effacement du sujet, la direction de notre conduite. Nous n’avons pas le droit de nous réduire à la pure passivité. Or, si le commandement divin n’a d’efficace que par l’intermédiaire de^la volonté à laquelle il s’adresse, et qu’en tant tant celle-ci veut bien l’agréer, les difcultés ne sont que reculées. Pourquoi nous soumettre à l’objet moral sous la pression d’un vouloir étranger, plutôt que sous celle de notre «  1 vouloir propre, alors que, dans les deux cas,, les raisons de la sout mission doivent rester les mêmes ? D’ailleurs comprend-on, même ’¡ en pareil cas, l’intervention d’un vouloir étranger ? Le vouloir d’un

être peut-il porter sur celui d’un autre ? J’entends le vouloir achevé, 

i celui qui dépasse le simple désir. De fait, ce qu’on appelle comman-’dément extérieur n’est ordinairement que l’indication ou le rappel, sous forme et au moment opportun, d’une valeur à prendre ` en considération. Il y a loin de cela à ce qu’on nous propose. – Nous •pourrions encore faire remarquer, qu’il y aurait quelque inconvé- `. nient à mêler le vouloir divin aux artifices d’une dialectique, en dehors de laquelle sa supériorité même devrait le placer. • Mais précisons encore la nature de l’obligation. En définitive, elle se réduit à la substitution de la causalité à la finalité. Nous l’avons v dit, l’attrait de l’objet moral ne doit plus compter pour nous. Ce qui a été reconnu bon une fois doit l’être encore dans la suite. Nous ̃imposons aux volitions futures, une conception qu’elles n’ont pas à ̃agréer. Nous voulons la vouloir dans l’avenir. Or qu’est-ce que cela,