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a. darlu. – • La Solidarité. 127

proprement humaines, la liberté et la justice ; qui nous demande même expressément-dé renverser certaines lois de la nature, d’aider les faibles à vivre, de protéger les races arriérées on désarmées contre la fatalité de leur destruction, de détourner le cours de cette. dure loi de la concurrence vitale qui semble .bien être en effet le destin des êtres1 vivants. Socrate et Jésus- ignoraient les lois de la biologie, mais ils connaissaient les lois .dé la conscience. Le moraliste n’est pas forcé de résoudre les questions de l’origine des choses, ni de découvrir le rapport des lois physiques et des lois morales. Aujourd’hui encore, il aura fait ’beaucoup pour nous, il aura fait. assez, s’il réussit à nous rendre visibles ces lois « divines et ° humaines », comme aimaient à dire les anciens, ces lois qu’obscurcit sans cesse la vapeur de nos cœurs mauvais, s’il nous force à regarder le mal dont « les honnêtes gens » ont soin de détourner les yeux,par exemple ces œuvres de violence et’ même de sang accomplies par des mains, civilisées, par dés mains françaises aussi, là-bas, en Afrique, en Asie, au. milieu de ces peuples que nous appelons inférieurs 1 ; si. enfin.il réveille la conscience publique, chaque fois qu’elle se laisse engourdir par- l’habitude, la mollesse ou l’intérêt Et s’il est vrai qu’une idée nouvelle soit entrée dans la conscience, :– de temps, et commence à s’y graver, il y a lieu,, sans doute, de savoir ce qu’elle vaut et d’où elle vient. M. Bourgeois a bien vu que la solidarité était en effet une idée dece genre ; il a vu encore qu’elle tenait à la fois aux sciences les plus récemment développées, et à (. notre état social démocratique. Mais peut-être la distinction de ces. E deux éléments est-elle malaisée à faire. Oui, ,il y a une solidarité réelle, de fait, qui fait dépendre les- organes de notre corps du climat, du milieu phys’ique, notre vie personnelle de la vie sociale et les. sciences comme la biologie et la sociologie ont enseigné, précisé cette idée, elles nous en ont parfois accablés, jusqu’à paralyser notre énergie personnelle. Mais elle n’est qu’un fait fatal, une loi quasiphysique elle n’a donc rien de moral. -Et d’autre part notre état social exige, plus impérieusement aujourd’hui que jamais, et en France qu’ailleurs, une union profonde, intime, des volontés et des sentiments. Cette union qui doit se faire à l’intérieur des âmes, et venir . V. Revue de Métaphysique et de Morale, septembre 1896 La Politique colo- ’U tùale, par P. Lapie. ’=

. Que M. Bourgeois, en dehors de son rôle politique, ait été déjà en certains cas une de ces sentinelles attentives, je ne l’oublie pas, et je dois le rappeler ici..