Page:Revue de métaphysique et de morale, 1897.djvu/120

Cette page n’a pas encore été corrigée

1i6 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DÉ MORALE.

sonner dans une seule formule de vie ; mais alors même la logique des actes n’est qu’une conséquence de la gaucherie. Et celle-ci peut aussi bien conduire à l’incohérence. Le logicien, d’autre part, peut être tout à fait à l’aise dans sa formule étroite. La différence du logicien et de l’équilibré n’est pas celle de l’artifice et de la nature, c’est celle de deux formes d’unité ; unité réelle chez celui-ci, formelle chez celui-là, naturelle ou artificielle, selon les cas, chez l’un et chez l’autre. L’attitude contrainte est signe d’un trouble dans l’organisation générale de l’esprit, et l’étude en appartient à celle des formes systématisées de l’intelligence ; l’attitude logique témoigne d’une’qualitê spéciale de l’esprit qui n’est pas nécessairement liée à la première. Bien au contraire, loin de conduire à la recherche de l’unité organique, l’esprit logique en détournerait plutôt, puisqu’il tend à atrophier les facultés sensitives, imaginatives, etc. » -v

Le besoin logique unifie à vrai dire l’intelligence par suite 1 unité de fin, l’association systématique caractérise l’esprit logique comme l’esprit équilibré et c’est à ce titre que M. Paulhan les rapproche Mais c’est ici la racine même de la confusion. M. Paulhan joue sur le mot unité il faut que l’unité de finalité absorbe toutes les autres. L’association systématique n’explique pas l’unité logique, comme telle, mais son mode d’action dans certains cas. Ce n’est pas parce qu’il est logique que l’esprit cherche l’unité logique. La preuve en est que, s’il est apathique ou paresseux, le meilleur logicien du monde ne la cherchera pas. Si le besoin logique se fait sentir, c’est qu’il agit alors à la manière d’une fin. Ne dites donc pas que l’association systématique explique l’unité logique elle-même, mais que parfois l’unité logique se comporte suivant la loi de l’association systématique. M. Paulhan mêle sans cesse au contraire et sans les distinguer les idées d’unité logique et d’unité de vie ou d’harmonie, comme il rapproche sans commentaire les équilibrés et les logiciens. Les idées incohérentes s’agitent sans lien logique, sans ordre et sans fin commune Les grands équilibrés sont les intellectuels, les philosophes, les savants, les artistes de haut vol en qui tout s’harmonise, œuvre et vie, idées et images, sans que rien dans l’intelligence défaille ou fasse dissonance 3.

. P. 142.

. p. 17.

. P. 140.