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8 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

en relief ces diverses dialectiques. C’est bien ainsi que nous allons l’entendre. Nous. ne marquerons les résultats les plus saillants de la science, de la morale, de la religion, que pour avoir l’occasion de montrer ce qu’il advient graduellement de la conscience primitive à la suite de notre artifice intellectuel, ce que nous y perdons et ce que nous y gagnons ; et cela même sera subordonné à cette préoccu- jpation justifier en leurs caractères distinctifs les diverses dialec- j i tiques. Et enfin, puisque la dialectique religieuse est encore la plus délaissée, la plus méconnue, c’est elle surtout que nous chercherons à bien établir.

Vers la religion tel pourrait être par conséquent le titre de cette I étude. Nous craignons que cela ne suffise pas à la mettre en harmonie avec d’autres tentatives actuelles et en apparence analogues. | -On rêve, en certains milieux, un retour pur et simple des esprits sérieux et cultivés vers les doctrines théologiques du passé. Ce ne serait point conforme à la marche normale et bienfaisante de la pensée. Si les doctrines du passé doivent être reprises, en tout cas qu’on leur apporte de profondes modifications. Il est incontestable pour nous qu’à côté d’éléments de haute valeur, elles en renferment de caducs et d’inférieurs dont on a tout intérêt à se débarrasser.. Comprenez donc, théologiens, que, sous le couvert d’une révélation et de dogmes intangibles, vous en êtes à une philosophie dépassée, à celle du moyen âge ou à celle des Alexandrins, tout au moins à celle des derniers siècles ; que cette philosophie ne saurait, pas plus qu’une autre, arrêter l’avenir ; que, depuis son apparition, un progrès notable s’est accompli, soit dans la manière de poser les problèmes, soit dans celle de les résoudre ; que, même au point de vue strictement religieux, surtout peut-être au point de vue strictement religieux, vous pourriez espérer quelque chose de plus profond et de plus pur ; enfin que, si vous trouvez en elle une puissance dont rien ailleurs ne vous donne l’équivalent, c’est que le progrès le plus évident entraîne avec lui quelque recul partiel. Mais quoi ? Ce retour pur et simple vers le passé serait-il même possible ? Celui qui, sincèrement, s’est accoutumé au mode de penser de la science moderne, risque fort de n’en souffrir jamais d’autre. Qu’on ne s’y trompe pas il n’y a peut-être que du psittacisme là où notre assertion semble contredite par les faits. Mais on aurait également tort de compter sur de simples accommodations avec les idées du temps présent ; sur un éclectisme vague où serait sacrifié ce que les doctrines tradition-