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E. BATAILLON. LOUIS PASTEUR. i>

pouvoir étayer toute une théorie générale. L’Académie des Sciences, par la voix de M. Biot, ne lui avait pas ménagé les éloges. Convaincu, à juste titre, de la portée de ses découvertes, il leur donna le cadre d’une large hypothèse dont la valeur absolue peut être discutée, mais dont les fruits sont assez beaux pour qu’on se dispense d’ergoter sur la -souche qui les a fournis. Cette hypothèse est le fil directeur qui rattache l’une à l’autre les deux moitiés de la carrière scientifique de Pasteur. Grâce à elle on peut comprendre comment les études physico-chimiques dont il a été question jusqu’ici sont la pierre angulaire de l’œuvre, la base de tout cet ensemble de résultats pratiques qui force l’admiration.

La nature morte ne- renferme que des éléments à image superposable, c’est-à-dire symétriques ; la nature vivante dans tous ses produits ne nous offre partout que dissymétrie dissymétrie anatomique, dissymétrie moléculaire attestée par la lumière polarisée en l’absence de cristallisation pour la cellulose, l’albumine, la fibrine, etc. Dans le règne minéral les forces moléculaires mises en jeu sont symétriques ; dans les combinaisons organisatrices de la vie animale ou végétale, la dissymétrie règne en maîtresse comme dans l’Univers.

« L’Univers est un ensemble dissymétrique, nous dit Pasteur. Je suis porté à croire que la vie, telle qu’elle se manifeste à nous. doit être fonction de la dissymétrie de l’Univers pu des conséquences qu’elle entraîne. On placerait devant une glace l’ensemble des corps qui composent le système solaire se mouvant de leurs mouvements propres, que l’on aurait dans la glace une image non superposable à la réalité. Le mouvement même de la lumière solaire est dissymétrique jamais un rayon lumineux ne frappe en ligne droite et au repos la feuille où la vie végétale crée la matière organique. Le magnétisme terrestre, l’opposition qui existe entre les pôles boréal et austral dans-un aimant, celle que nous offrent les deux électricités positive et négative, ne sont que des résultantes d’actions et de mouvements dissymétriques. »

Quelques expériences suffisent maintenant à nous expliquer la déviation apparente qui frappe au premier abord dans l’évolution de ce grand esprit..

Si dans une solution ayant par elle-même la- dissymétrie on introduit une substance active l’ayant également, cette substance doit ajouter aux propriétés du produit initial si elle agit dans le même sens, ou en retrancher quelque chose si elle agit en sens