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L. WEBER. – IDÉES CONCRÈTES ET IMAGES SENSIBLES. Si ~P-f !i n’Pet nn’mnn o_n. .a~ m

Celle-ci n’est qu’une espèce d’un genre. Tout ce qui est logiquement est seulement une partie, colorée d’une nuance spéciale, du réel. D’un autre côté, le réel affirmé par l’entendement existe comme l’idéal logiquement, c’est-à-dire régi par le principe de contradiction ; mais la trame vivante de toute conscience intellectuelle échappe au principe de contradiction, car ce qui n’est pas posé comme existant, comme vrai ou faux, n’étant pas pensé, ne donne lieu à aucun jugement. Que vient faire le principe de contra,diction quand je pousse un hurlement de douleur’ou quand je me sens m’évanouir de joie ? ̃

Dans le domaine de l’être, qui est le domaine des idées, l’existence même, c’est-à-dire la forme, s’affirme d’autant plus que le contenu de l’idée est plus indépendant de la perception. En ce sens, peut-on dire, d’accord avec l’idéalisme platonicien, une idée existe d’autant plus qu’elle est plus vraie, plus générale, plus abstraite ; en ayant soin de ne pas oublier, d’ailleurs, que la forme logique d’existence n’est rien moins que la réalité profonde et vivante. Il importe ici de prévenir une confusion où le lecteur tomberait facilement en envisageant l’existence tantôt d’une manière, tantôt d’une autre dans les idées et dans les choses, comme énonciation, sur les idées et sur les choses, comme mode fonctionnel. La première est l’attitude naturelle de l’esprit ; la seconde, exceptionnelle et détournée, est celle adoptée dans cet aperçu. Il en résulte que ce que nous appelons la forme des idées, barrière élevée entre les opérations sensitives et l’entendement, n’équivaut nullement à laSubstance. Nous ne considérons pas les idées du point de vue intérieur de l’explication et de la signification, et nous n’envisageons que l’idéation, en tant qu’activité mentale. L’esprit a agi suivant un nouveau mode du jour où le nom et la notion ont établi entre les consciences le lien collectif que la perception seule était incapable de nouer. C’est ce mode, irréductible à la perception extérieure, bien qu’en procédant, qui a imprimé à certaines réalités psychologiques une forme caractéristique, se traduisant par l’affirmation d’existence et sa notion, qui les enveloppe toutes. De même que, d’après Kant, l’esprit revêt toutes les données de la sensibilité externe de la forme spatiale et que l’espace est la condition de la perception extérieure ; de même l’esprit, dironsnous, donne l’existence à tout ce qu’il pense et cette existence logique est la condition formelle de l’idée ou notion. En intervertissant ainsi la relation du perçu au percevant et du sensible au sentant, Kant n’a