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L. WEBER. IDÉES CONCRÈTES ET IMAGES SENSIBLES. 41 i™.»-.«. ™« n rAn ï/ A AK»if A a a ci fVir»m a tir* ri nn ppai t. vnlnnt.ïfirs fîllft s’en imprègne dès le début de sa formation, on croit volontiers que le jugement porte aussi bien sur l’agrégat d’images et de sensations que sur elle. Une image, en elle-même, n’est, ni vraie ni fausse, ni réelle ni imaginaire. L’idée qu’elle engendre est seule susceptible de vérité ou d’erreur. Les perceptions se heurtent ou s’accordent, s’associent facilement, difficilement ou refusent de s’associer, et il en résulte que leurs combinaisons, dynamogènes ou : inhibitoires suivant les cas, peuvent tenir lieu de jugements, dans la pratique à^l’égard des objets extérieurs et dans la conduite individuelle. Mais entre cette vie naturelle des images, sans cesse en action et en réaction les unes sur les autres, et la pensée discursive, une différence subsiste, à savoir que la première est un phénomène de l’esprit individuel et la seconde un phénomène de liaison des esprits en collectivité, un phénomène social. S’il n’y avait dans l’acte par lequel on affirme ou on nie quelque chose de quelque chose qu’une association dynamogène ou inhibitoire jointe au sentiment d’objectivité, de quelle utilité en serait l’expression verbale ou logique pour l’individu isolé ? Sa conduite en serait-elle modifiée d’un iota ? Mais la réalité dont j’affirme ou je nie logiquement l’existence est autre. C’est la réalité révélable à tous les esprits, qui surgit du fait même de ma communication avec eux. Elle est vraie ou fausse suivant que l’harmonie ou le désaccord résulte de l’action collective des esprits, et je l’affirme ou je la nie en conséquence. On peut dorénavant contester la légitimité de la formule de Taine la croyance au monde extérieur repose sur une hallucination vraie. La croyance énoncée dans le jugement qui pose une réalité objective douée de certains attributs et le sentiment de réalité objective donné dans la perception extérieure sont êminein-ment distincts, bien que, chez l’homme, par l’effet du langage et de l’exercice prolongé de la pensée discursive, ils apparaissent confondus. Dans les faits allégués à l’appui de cette doctrine de Villu->,sion vraie, l’analyse n’a pas été poussée assez loin. On oublie qu’on a affaire à des’ hommes, qui s’expriment à l’aide de mots, qui pensent par concepts et notions et chez lesquels les phénomènes relativement simples de la perception, et de la localisation dans l’espace se compliquent inévitablement d’opérations intellectuelles supérieures. Lorsque, sous l’influence de causes pathologiques ou de suggestions, un malade affirme voir un objet et le décrit, et que l’image qui l’obsède, pour illusoire qu’elle soit, arrête néanmoins le fonc-