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qualité propre, qui correspondent, dans le langage de l’explication logique, à l’objet en soi, isolé de toute détermination, soustrait à toute’contingence, et nécessairement identique, quel que soit l’esprit qui le pense, ne* proviennent ni des tendances ni des habitudes, et ne se laissent jamais décomposer en éléments psychologiques plus .simples ou plus généraux. Chacun sait de qui il est question, de M. X., qui est M. X. et nul autre. Si cette identité de l’objet qui, par essence, ne saurait être approximative, et est, aussitôt conçue, parfaite, reposait seulement sur la similitude des dispositions mentales individuelles et sur l’homogénéité des habitudes particulières, en premier lieu nécessaires à là communication des consciences, on ne s’expliquerait guère son caractère idéal, qui est celui d’un absolu, en dehors du monde sensible et des déterminations d’espace et de temps.

Certes on a le droit de prononcer ce mot, absolu, même à propos de la plus humble et de la plus concrète des idées de choses particulières et tombant sous les sens. La notion d’un individu, en tant qu’objet singulier conçu et non simplement perçu, échappe aux contingences sensibles et se suffit à elle-même. Que M. X. soit présent ou absent, qu’il soit mort depuis longtemps ou qu’il vive aujourd’hui, qu’il ne soit même qu’un personnage fictif, tel qu’un héros de roman, peu importe en tant qu’objet intellectuel, il existe pour tous, partout et toujours identique à lui-même. A vrai dire, la question de savoir s’il est réel, s’il existe ou a existé effectivement, est autre et ne’se rapporte qu’indirectement à l’idée qu’on s’en fait. Dès que nous le pensons, il existe, il est identique à lui-même, différent de tout ce qui n’est pas lui, et cette existence logique, pour l’esprit qui la pense, est le fondement primitif sur lequel s’édifie l’idée, la force organisatrice qui en coordonne les multiples éléments et les combine en une synthèse. Au point de vue psychologique, à titre d’événement mental, envisagé du dehors, il y a là quelque chose d’étranger et d’irréductible à la simple perception, et dont il serait, d’ailleurs, a priori contradictoire de rechercher la cause dans une combinaison d’éléments plus complexes, tels que les idées générales, attributs possibles de l’être singulier. Une fonction nouvelle se manifeste, dès qu’une idée se constitue ; c’est la fonction qui fonde V existence logique dont est revêtue la notion et qu’ignore la perception. Au point de vue logique ou discursif, il n’y a rien à dire touchant