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20 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

Un sujet traité de même et réchauffé ensuite guérit. C’est donc à la température de son sang que l’oiseau doit l’avantage de résister à la bactéridie.

Nous laisserons de côté les recherches si curieuses concernant la propagation de la maladie, l’étude du rôle si bien établi des corpuscules germes qui peuvent rester enfouis dans le sol pendant des années et revenir à la-surface, charriés par les vers, pour engendrer de nouveaux désastres.

Les expériences sur la poule étaient un premier indice bien caractéristique de l’action du milieu sur les bactéries. On va voir quel parti considérable l’expérimentateur allait tirer de ces données. Après le charbon, il aborde une maladie de la poule désignée sous le nom de choléra. C’est un point capital dans l’histoire des virus 9 car pour la première fois, par une action appropriée des milieux, on n allait faire d’un germe de mort un agent préventif merveilleux garantissant l’organisme contre les virus les plus actifs. Le microorganisme du choléra des poules avait été vu par Peroncito et Toussaint. La question de parasitisme ne fut tranchée que le jour où Pasteur l’isola sur le bouillon de poule. Ce sont de petits articles ténus appartenant au genre des microcoques.

Ils sont aérobies et présentent cette particularité qu’à l’inverse du charbon ils sont inoffensifs pour un cochon d’Inde. Les abcès qui se développent chez ces mammifères, tout en conservant au microbe son activité, ne tardent pas à se cicatriser et l’animal guérit. Mais un fait plus important ressortait des séries d’inoculations pratiquées sur la poule. Les cultures abandonnées à l’air et semées ensuite en milieu neuf étaient beaucoup moins actives. Après une exposition à l’air de soixante jours, la virulence était réduite à zéro. Or les sujets traités préalablement par le virus atténué et infestés ensuite de germes en pleine activité guérissaient après un léger malaise. Pasteur s’assura que l’agent d’atténuation est l’oxygène de l’air. C’est ainsi que guidé par les procédés empiriques d’inoculation préventive contre la variole, la clavelée et la péripneumonie, il arrivait à un procédé pratique d’atténuation. Si, suivant le principe de la vaccine jennérienne, les maladies virulentes ne récidivent pas, pourquoi ne trouverait-on pas pour chacune d’elles une forme bénigne ayant la vertu d’une prophylaxie ? Une maladie dont les ravages sont plus terribles que ceux du choléra des poules, c’était le charbon, dont l’origine venait d’être fixée