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18 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

vent des mêmes causes que celles des vins et le remède est le même. Le chauffage à 100° rend le moût inaltérable. Mais une température de 8o° présente des avantages particuliers. L’acide carbonique n’est pas complètement éliminé de plus on a détruit les germes nuisibles sans arrêter complètement la fermentation, qui continue en bouteilles. Cette opération, pratiquée avec succès tant en Europe qu’en Amérique, a reçu le nom de pasteurisation la bière ainsi traitée est dite pasteurisée. »

Voici un sujet nouveau, et combien nouveau pour Pasteur, qui se trouvait pour la première fois en présence d’un organisme complexe, en présence d’un animal précieux qu’il fallait sauver pour rendre la prospérité à toute une région cruellement éprouvée 1 C’était en 1865. Les maladies du ver à soie jetaient dans le Midi la misère et la consternation. Une commission sénatoriale eut à rechercher les moyens de sauver l’industrie séricicole menacée. M. Dumas, rapporteur de cette commission, s’adressa à Pasteur ; et il fallut toute l’autorité d’un maître vénéré pour arracher l’expérimentateur à ses travaux sur les fermentations, chaque jour féconds en résultats. Avec quelques .collaborateurs dévoués, il se rend aux environs d’AIais ; et immédiatement il se rend compte de la nature du mal. Les vers atteints sont couverts de taches bru nés et comme poivrés ; ils justifient le nom donné au fléau la pébrine. Filippi et Cornalia sur le ver, Osimo sur les graines, ont constaté la présence de corpuscules microscopiques ils ont soupçonné la nature parasitaire de l’affection ; et on a choisi pour le grainage les sujets qui ont évolué sans présenter la moindre tache. Le succès n’a pas répondu aux efforts et Pasteur, après avoir constaté la présence des corpuscules chez les vers, se trouve au même’point que ses devanciers., Il fallait prouver la nature parasitaire de ces petits corps. Après de patients efforts, il fut démontré qu’ils ne se trouvent chez les vers, les chrysalides et les papillons que s’ils ont été introduits par la nourriture ou par une lésion ; qu’ils peuvent exister chez la chrysalide et le papillon sans être constatables chez le ver ; que c’est là qu’il faut les chercher de préférence ; que le moyen infaillible de se procurer de la graine saine, c’est de recourir à des papillons exempts de corpuscules.

On examine donc les papillons après la ponte. Et comme toutes les pontes sont séparées, les œaÙ sont conservés si l’examen ne montre pas de corpuscules ; ils sont détruits dans le cas contraire.